En attente de nouvelles [réservé aux mangemorts]

[Premier post]

Pré-au-Lard, la Cabane Hurlante. Depuis déjà un mois, le Seigneur des Ténèbres ne pouvait sortir que la nuit, lorsque tout le monde était chez soi, pour profiter un peu de la noirceur qui l'entourait. Pourtant, rester enfermé toute la journée dans l'attente de voir apparaître devant lui l'une des baguettes du temps était particulièrement frustrant pour un homme comme lui, s'il était un homme. Mais si une chose pouvait le frustrer encore plus, ce serait sûrement le fait que ses mangemorts et lui soient découverts. Tant que les baguettes du temps ne seraient pas en sa possession, et tant qu'il ne pourrait pas entrer dans l'enceinte de Poudlard, que leur présence soit dévoilée serait le plus gros échec qu'il aurait à supporter. Ses serviteurs ne l'avaient encore pas dénoncé, et ce miraculeusement. Il n'y avait que les élèves marqués qui étaient susceptibles d'attirer l'attention, et Jocelyn devait s'en charger s'y jamais les choses tournaient mal à l'école de magie. Elle était celle qui le servait le mieux avec Caleb. A qui d'autre aurait-il pu confier cette mission ? Son second mangemort "favori" devait rester auprès de lui, maintenir ses mangemorts et sortir pour les punir lorsque lui ne le pouvait pas. Oui, pour le moment, Lord Voldemort avait besoin d'eux. Bien entendu, il aurait pu lui-même tout faire si cette barrière créée par Dumbledore ne l'empêchait pas de pénétrer dans l'enceinte de Poudlard. Mais non. Il l'avait prévu bien évidemment. Bientôt, il pourrait entrer dans l'école et chercher lui-même les baguettes.

Et justement, à Pré-au-Lard, la nuit était tombée. Nous en étions à une heure durant laquelle personne ne songerait à aller dehors. Les Tavernes étaient encore ouvertes pour leurs derniers clients, mais qui aurait seulement eu l'idée de se balader du côté de la Cabane Hurlante ? Lord Voldemort se tenait là, dans l'ombre, sa baguette toujours à la main, tandis que ses yeux rouges brillaient de malfaisance et de pouvoir. Combien de personnes aurait-il pu tuer durant le mois qui s'était écoulé, pour acquérir de plus en plus de puissance et de pouvoir ? Oui, il était le Mage Noir le plus puissant que la Terre ait jamais porté. Mais il voulait plus, toujours plus. Il avait déjà trouvé un moyen de vaincre la mort lorsqu'elle viendrait le voir avec ses horcruxes. Avec les Baguettes du Temps en sa possession, il ne recherchait pas vraiment une immortalité qu'il avait déjà de toute manière. Une autre chose l'intéressait. Maîtriser le temps était la plus puissante des armes. Qui d'autres mieux que lui saurait utiliser toutes ses capacités ? Personne. Il pourrait remonter le temps, l'arrêter, voir l'avenir pour le modifier, préserver la matière ou la faire vieillir de façon incontrôlable pour la personne qui subirait ce sort...

Derrière lui, quelques mangemorts se tenaient debout, essayant d'avoir l'air fier. Mais le Seigneur des Ténèbres n'avait pas besoin de se retourner pour les regarder et savoir qu'ils étaient tout simplement terrifiés et remplis de respect pour sa personne. A n'importe quel moment, Lord Voldemort pouvait remettre sur la table l'une des erreurs que l'un d'entre eux avait fait pour décider de passer sur lui ses envies meurtrières... Oubliant au passage que le mangemort malchanceux avait déjà sans doute été sévèrement puni pour sa faute. Il connaissait absolument tout de ses serviteurs. Leur histoire, leurs secrets, leurs peurs. Lui seul restait un mystère pour ses mangemorts. Aucun d'entre eux ne connaissait le nom qu'il avait reçu à sa naissance, à cause de sa stupide mère et de son père moldu. Dans ses ancêtres, de toute façon, il n'y avait que Salazar Serpentard qui comptait. Ainsi le Seigneur des Ténèbres se trouvait-il bien plus pur que la plupart des Sangs Purs.

Il n'y avait que deux personnes que le Mage Noir voulait voir en ce moment-même. Jocelyn Harvey et Caleb Parker. Il ne leur avait pas donné l'ordre de venir, mais fallait-il vraiment que le Seigneur des Ténèbres prononce ce que tout le monde savait ? Il voulait connaître les avancées de la professeur d'Arithmancie, son espionne à Poudlard, concernant la protection magique de Dumbledore. Il voulait savoir, grâce au rapport de Caleb, si l'un de ses mangemorts avait commis une erreur qui pourrait amener à leur mise à jour. Même si Lord Voldemort avait, pour le moment, clairement l'avantage sur Dumbledore, son plan ne se déroulait pas comme prévu. Pourquoi les élèves de Poudlard devaient-ils être aussi peu intelligent ? Allait-il devoir donner lui-même le premier indice à Jocelyn et à Caleb ? Cela voudrait dire qu'il leur ferait pleinement confiance... Alors que placer ses espoirs en une personne soumise au sortilège de l'Imperium était nettement plus sûr.

Quelle perte de temps que cette journée ! Enseigner à cette bande de morveux une matière au moins aussi inutile qu'eux. Passer des heures dans cette salle de cours à jouer les nounous, tu parles d'un ordre mission excitant ! Mais elle n'était pas suicidaire au point de se pointer devant le Seigneur des Ténèbres pour lui balancer d'un coup "Hey, jme fais chier, t'as pas autre chose à faire ?". Alors, pour une journée de plus, elle avait joué la prof d'Arithmancie à la perfection. Enfin, à la perfection, disons qu'elle avait joué son rôle à la perfection, et cette enseignante qu'elle incarnait n'aimait pas du tout l'arithmancie au point de dire à ses élèves que s'ils avaient envie d'étudier, ils pourraient le faire tout seul pour se forger le caractère, sinon c'était classe libre, pas de devoirs... comme d'habitude. Si le Professeur McGonagall avait été là, elle aurait probablement fait sa mine de coincée habituelle, Jocelyn lui aurait adressé un grand sourire innocent, tout en oubliant pas de se moquer d'elle par la pensée.

La seule chose qui était bien, elle ne pouvait pas le nier, elle éprouvait toujours le même plaisir à jouer avec les gens. Que ce soit à les torturer physiquement, mentalement ou à se jouer d'eux tout simplement. Mais la souffrance morale avait quelque chose d'unique qu'on ne pouvait pas trouver ailleurs. Il était probable qu'elle s'en amuserait le jour où elle pourrait tomber les masques. Mais pour l'instant, histoire de passer le temps, elle en était encore aux prémices, en quelque sorte.
Quand les élèves de son dernier cours étaient sortis, l'un d'eux était venu la voir pour discuter avec elle. Elle avait joué le sourire à moitié. Intérieurement, elle venait de se souvenir qu'elle avait probablement tué un frère ou un cousin du jeune homme. Quelle coincidence charmante. Ravie de retrouver une vieille connaissance, elle avait discuté un moment avec lui en se demandant s'il cachait sa peine ou s'il moquait complètement de cette perte. Aaaah, la nature humaine, c'était formidable !
Quand il était partie, elle l'avait salué joyeusement. Le laissant s'éloigner un peu, elle n'avait pu s'empecher de parler à sa propre intention:

"Pauvre gosse."

Après un tel moment émouvant, elle avait traverser les couloirs de Poudlard en repensant à chaque bon souvenir que cet instant venait de lui rappeler. Vivement que cette histoire de baguettes se termine pour qu'elle puisse avoir de nouvelles histoires à raconter à ses petits enfants.
A table, elle avait mangé aux côtés d'Horace Slughorn, parlant du bon vieux temps et de choses et d'autres. Elle était sûre de l'avoir dans sa poche, c'était un bon point, un bon point qui pouvait peut être lui sauver la vie tout à l'heure. Car, pour l'instant, la vie était belle, même si elle enseignait l'Arithmancie. Mais d'ici quelques minutes, elle se rendrait à Pré au Lard et devrait raconter au Seigneur des Ténèbres qu'elle n'avait pas trouvé le moyen de lever la barrière. Encore une fois, elle ne se voyait pas lancer l'air de rien "Ah pour la barrière, pas encore trouvé hein, mais bon, si t'as de quoi coupé j'y vais !".
Premièrement, il ne lui viendrait pas à l'idée de le faire à l'homme qu'elle admirait. Deuxièmement, même si elle le disait en plaisantant, elle tenait particulièrement à sa vie. Lord Voldemort, on le craignait et on le respectait. Pas d'autres choix possibles.

Elle s'était donc levée de table avec une certaine appréhension et avait décliné l'invitation d'Horace à boire un verre, prétextant un empêchement. Sans avoir l'air de se rendre à quelque chose d'absolument secret, elle avait quitté le château comme si elle avait été faire une petite ballade. Elle s'était d'ailleurs arretée dans le parc un bon moment, juste au cas où. Puis, jugeant que l'heure et la situation le permettait, elle s'était finalement rendue à Pré au Lard. Il n'y avait pas grand monde à cette heure là, et elle n'attira aucun regard quand elle prit la direction de la Cabane Hurlante. Comme à chaque fois, elle verrait les autres avec leurs regards remplis d'espoir. Ah ça, la chute de Jocelyn Harvey, ils l'attendaient en bavant.
La seule personne sur laquelle elle pouvait compter et qu'elle appréciait, il y avait de fortes chances pour qu'il soit là aussi. Mais elle ne se plaignait pas, mieux valait avoir Caleb Parker de son côté que les autres incapables réunis.
En arrivant, elle remarqua quelques têtes familières et leur adressa un rapide sourire forcé. Rapide parce que Vous Savez Qui était là. Arrivée à sa hauteur, elle s'était inclinée respectueusement. Caleb n'était pas là mais elle était assez grande pour se débrouiller toute seule.
Sans relever la tête, elle ne s'était montrée que peu bavarde devant les autres mangemorts qui bavaient d'envie:

"Bonsoir Seigneur."

Dans quelques minutes, Jocelyn devrait arriver. Elle avait pour ordre de venir le plus souvent possible près de la Cabane Hurlante à une heure précise, heure très proche à présent. L'air de la nuit était aussi glaciale que l'ambiance qu'il pouvait bien y avoir entre le Seigneur des Ténèbres et ses mangemorts. Pas un seul regard du terrible Mage Noir n'était destiné à l'un d'entre eux. Ils ne méritaient pas de le servir, persuadés pourtant que leur statut de Sang Pur, pour la plupart, leur donnait le droit de poser les yeux sur lui. Pourtant, il les acceptait. Parce que même s'ils n'étaient pas dignes, Lord Voldemort préférait les avoir eux que certains sorciers trop portés sur la soi-disant bonté de la nature humaine. D'autant plus que certains avaient des rôles à jouer. Peu lui importait leurs stupides disputes pour les faveurs de leur Maître... Lui. La seule chose à faire était de tout faire pour éviter de le conforter dans son impression d'échec constant de la part de ses serviteurs. Même ceux qu'il considérait comme ses meilleurs Mangemorts pouvaient être en danger. Plus que les autres sans doute. Le moindre faux pas et la vie les quitterait. Il avait le pouvoir.

Depuis un mois, Jocelyn n'avait pas trouvé le moyen de faire disparaître cette barrière, unique réel obstacle à présent entre lui et les baguettes. Prendre le pouvoir à Poudlard ne serait pas difficile une fois qu'il aurait éliminé Dumbledore une bonne fois pour toute. Encore fallait-il pouvoir faire un pas dans l'enceinte de l'école... Il s'y était bien entendu attendu. Rien n'était simple lorsque le vieil homme à la tête de Poudlard se trouvait au château. Evidemment, il n'avait pas voulu quitter l'école le soir de la rentrée, comme Voldemort l'avait espéré, sans pourtant monter le moindre plan pour le départ du directeur. Jamais le vieillard n'aurait voulu quitter son école. Il avait choisi la date de la rentrée comme une sorte de symbole, et le Seigneur des Ténèbres assumait parfaitement sa décision. A un moment ou à un autre, il affronterait Dumbledore et le tuerait. Le monde serait forcé d'admettre que rien ni personne ne pouvait l'arrêter. Et les baguettes du Temps en sa possession, il pourrait faire disparaître les moldus et les Sangs de Bourbe.

Puis enfin, il la vit arriver. Ses yeux rouges la fixèrent avec toute l'assurance et le pouvoir que le Seigneur des Ténèbres possédait. L'impatience qu'il avait était presque palpable par la totalité des mangemorts derrière lui, et surtout pour la nouvelle arrivée. De ses avancées, il attendait beaucoup. La barrière devrait être bientôt levée, d'une manière ou d'une autre. Il n'avait pas pour habitude de donner des plans bien précis à ses deux favoris, les jugeant suffisamment intelligents pour agir dans ses intérêts. Eux ne poseraient aucun problème au sujet de la discrétion. Mais pour la mission qu'il avait confiée à Jocelyn, il s'avérait finalement être nécessaire de lui dicter la marche à suivre. S'il avait eu le choix, il aurait envoyé Caleb pour que tout se fasse plus rapidement. Sauf que ce dernier avait, parmi l'équipe enseignante de Poudlard, quelques ennemis qui connaissaient parfaitement sa condition de mangemort. Pour le moment, il devrait rester à ses côtés pour surveiller les autres quand lui ne le pouvait pas. Son rapport était lui aussi très attendu de la part du mage noir. Autant dire que l'inverse était évident pour ses autres serviteurs. D'une voix glaciale, dénuée de toute estime pour ces derniers, et pourtant des plus envoûtante, le Seigneur des Ténèbres prit la parole :

"Partez tous. Je dois m'entretenir avec votre collègue, si l'on peut dire vu l'inutilité dont vous faites preuve chaque jours... Pour le moment. Vous direz à Caleb de venir nous rejoindre. Ne nous dérangez pas."

Quelques secondes plus tard, tous avaient déjà disparus. Le regard de Lord Voldemort n'avait pas bougé, toujours fixant avec supériorité et puissance Jocelyn, sans doute minuscule à côté de lui. Ses yeux assassins la sondaient. Elle allait devoir lui dire une nouvelle fois ce qu'il s'attendait déjà à entendre. Peut-être avait-il placé trop d'espoirs en elle... Lui ? Douter ? Jamais. Il avait confiance en son plan, en lui, en son pouvoir. Tout prendrait seulement peut-être un peu plus de temps que prévu.

"Alors ? Que vais-je bien pouvoir entendre ce soir de ta part, Jocelyn ?"

"Je sais !"

Lâcha-t-il amèrement, avant qu’un autre de ces compagnons ne s’enhardisse à l’interpeller. Une dizaine de mangemorts étaient déjà passés par là, et Caleb savait parfaitement que le Seigneur des Ténèbres l’avait fait demandé. Il venait d’en finir avec l’une de ses petites activités consistant principalement à terrifier quelques uns de ses adversaires, avant qu’une pluie de menaces ne lui tombe sèchement dessus. L’on avait clairement traduit à Parker le fait que Lord Voldemort n’était pas d’humeur charitable, et que plus que jamais, il valait mieux qu’il se trouve des reins solides, faute de quoi, il tomberait bien assez tôt. S’étant efforcé à ne pas tous les tuer sur le champ, il se promit de leurs faire payer pareils blasphèmes par des souffrances plus délectables que ce châtiment extrême. Tout venait bien assez tôt, et pour le moment, il se réjouissait cent fois trop de pouvoir leurs imposer à tous un sérieux échec, sans compter que les plans de son maître ne lui permettait pas le sacrifice d’autant de sorciers, si pathétiques et inutiles semblent-ils être.

Il tourna au détour d’un couloir, et se laissa bousculer par un autre de ses compères. Il eut le droit à un premier regard profondément assassin qui sembla s’estomper au profit de la peur quand l’intervenant le reconnut. Caleb ne pue que lui adresser un léger sourire, avant que l’autre ne se détourne et poursuive sa route. Il était plus satisfaisant qu’autre chose de pouvoir imposer une telle peur sans même avoir à émettre une seule réaction. Bien qu’il y soit cordialement habitué depuis un moment, il n’arrivait pas à s’en lasser quoi qu’il arrive. Qui se lasserait consciemment du pouvoir de toute façon ? Il faudrait donc bien être un inconscient ou un prétentieux, dans les deux cas, il les méprisait.

Toujours dans son optique de rejoindre le Seigneur des Ténèbres, Caleb ne s’attarda pas sur quoi que ce soit, sachant que cet ordre d’appel n’était pas une demande mais bien une exigence. S’il existait une personne à qui il obéissait, il s’agissait bien de Lord Voldemort, alors autant dire que de le « faire patienter » n’était ni de ses passe-temps, ni de son goût. Il hâta légèrement le pas, dépassa un nouveau groupe de mangemorts lui le dévisageait, entre haine, mépris et peur. Il ne faisait que garder ce léger sourire qui lui était si propre, entre un léger sarcasme, une pointe de sadisme, la satisfaction triomphante, et en même temps, le signe précurseur d’une revanche sur tout cela. Si la victoire leurs revenait sur le court terme, c’était dans la continuité que Caleb voulait sa victoire, et il l’aurait.

Enfin arrivé, il arrangea à peine sa tenue, et poussa la porte pour entrer, sans aucune sommation. On l’avait fait demander, si bien qu’il ne prenait pas la peine d’annoncer son entrée, non, il prenait tout simplement place sur le terrain, tel qu’il lui tombait sous la main, si l’on peut dire ainsi. Il balaya l’espace des yeux, par pur réflexe et précautions, cherchant toujours ce qui pouvait bien l’attendre, analysant les recoins que l’obscurité lui dissimulait, une chose ou une autre qui lui aurait parut inhabituelle, ou inappropriée au lieu, et pourtant, il revint enfin au Seigneur des Ténèbres, qui surplombait de toute sa grandeur Jocelyn. Caleb ne sut réprimer le sourire que la présence de la jeune femme porta à ses lèvres, cependant, il le dissimula tout aussi vite, venant respectueusement s’incliner devant Voldemort, jusqu’à côté d’elle.

"Maître. Pardonnez mon retard."

Son timbre était toujours aussi sobre, comme à chaque fois qu’il parlait en présence du Seigneur des Ténèbres. S’il existait une personne en la présence de qui il n’était plus rien, il s’agissait sans conteste de son maître. Caleb avait beau défié et vaincre plus d’un sorciers sur leur propre terrain, il se savait cent fois inférieurs à Voldemort lui-même, et si ce n’était ni de l’estime ni de respect qu’il ressentait, il s’agissait bien de la crainte. On ne défiait pas le plus grand des mages noirs, ou l’on en mourrait. Il s’agissait d’une certitude abstraite qui ne l’avait jamais quitté, et qui demeurerait sans doute pour des décennies encore. Servile, il redressa à peine le menton, attendant patiemment.

Sans plus de considérations ouvertes, Caleb avait néanmoins quelques pensées en faveur de Jocelyn. En premier lieu, il songeait à ce qu’elle pourrait bien conter au Seigneur des Ténèbres, et, bien entendu, ce que cela pourrait donc engendrer dans un futur proche et lointain. Puis, il s’en alla dans d’autres pensées qui n’étaient plus aussi professionnelles qu’auparavant. On ne pouvait pas vraiment lui en vouloir, et pourtant, il s’égarait quelque peu. Il secoua à peine la tête pour s’engouffrer fermement dans la réalité.

Encore une fois, elle allait devoir faire la même déclaration que la précédente. Sa mission n'était pas des plus aisées, et pourtant, c'était bien cette maudite barrière qu'elle devait lever. La jeune femme avouait ne pas être proche du but, ce n'est pas ce qu'elle ressentait en tout cas. Elle n'avait pas la satisfaction de se dire que si ce n'était pas aujourd'hui, ce serait très certainement dans les jours à venir. Pourtant, elle n'avait pas fait preuve de mauvaise volonté. Après avoir épuisé les moyens à sa portée, elle avait décidé de se tourner vers le très bavard Professeur Slughorn. Le seul bon point qu'elle avait à annoncer aujourd'hui. Bien qu'elle ne soit pas sûre qu'il sache quelque chose, elle trouvait ça même peu probable. Mais, pour se mettre Minerva McGonagall dans la poche, il fallait d'abord commencer plus bas. Car, la personne la plus proche du directeur était sans aucun doute le professeur de Métamorphose.
Mais, elle n'était pas du genre à baisser les bras, de la même façon qu'on l'y avait mise, il y avait bien un moyen pour enlever cette barrière. Le fait que ce ne soit pas impossible était un moyen comme un autre de se dire, qu'un jour, elle pourrait contenter le Seigneur des Ténèbres avant qu'il ne la juge trop inutile pour la garder en vie.
Elle était trop douée, selon elle, pour perdre si vite. Et si ce n'était pas la barrière, ce serait autre chose. Le Professeur Slughorn avait tellement de choses à apprendre. Et c'était bien connu qu'il n'était pas du genre à savoir garder un secret. Si sa stratégie n'était pas excellente, elle avait au moins le mérite de mener très certainement quelque part.
Mais, actuellement, inclinée devant le Seigneur des Ténèbres, elle était loin de se sentir fière ou satisfaite. On n'en menait jamais large devant lui.

Qui ne perdait pas un minimum de son assurance devant ces yeux rouges ?
Bien qu'avoir une mission difficile était une sorte de privilège, une petite marque d'estime, c'était également assez dangereux.
Elle n'avait pas relevé les yeux, une fois inclinée, et se contentait d'attendre en silence qu'il lui permette de parler. Il devait très certainement s'attendre à ce qu'elle lui dise la meilleure chose que la dernière fois. Premièrement, elle ne devait pas avoir sur le visage l'expression satisfaite de quelqu'un qui a remplit son devoir. Deuxièmement il n'avait pas un regard plein d'espoir, d'ailleurs, il n'avait jamais un regard plein d'espoir de toute manière. Ni celui de l'enfant ravi de la magie de Noël et curieux d'avoir ses cadeaux.
Il avait congédié les autres. En d'autres circonstances, elle se serait sans doute amusée de voir leurs mines déçues. Mais l'heure n'était pas au provocation. Il y aurait d'autres moments pour s'évoquer à quel point ils étaient ridicules. Mais, elle n'avait réellement pas de quoi être triomphante en ce moment.
Finalement, il l'avait interrogé, et alors qu'elle s'appretait à avouer son échec, une fois de plus, Caleb avait fait son apparition.

Inutile de dire qu'elle n'avait pas relevé les yeux. Evidemment, elle lui aurait sourit si elle ne s'était pas trouvée inclinée devant le Seigneur des Ténèbres. Non seulement Caleb était le seul Mangemort digne d'intérêt, mais il était également la seule personne avec laquelle elle se montrait réellement différente. Toutefois, quand il s'était incliné à son tour, à côté d'elle, Jocelyn n'avait pu s'empecher de lui jeter un discret regard en biais avant de revenir à sa position initiale.
Plus tard, elle discuterait probablement avec lui. A l'abris des regards bien sûr. Si une mauvaise personne les voyait en train de discuter, sa mission était définitivement fichue.
Pour l'instant, elle entreprit de faire son rapport pour se répeter une fois de plus:

"Hélas, je n'ai toujours pas trouvé le moyen de répondre à vos exigences, Maitre. Je suis désolée."

Elle n'avait pas attendu longtemps avant d'ajouter quelque chose en sa faveur, histoire de montrer qu'elle ne se tournait pas non plus les pouces:

"Toutefois, je peux dire sans me tromper que j'ai Horace Slughorn dans ma poche. Et comme chacun sait, la discrétion n'est pas son point fort."

Puis, elle avait gardé le silence, attendant sa réaction avec une certaine crainte. Tout dépendrait de son humeur ou de la manière dont il verrait son élément positif.
Quoi qu'il en soit, elle avait préféré ne pas attendre de dire quelque chose de mieux qu'un "Je ne sers à rien.". Préserver le suspens n'était réellement pas la bonne méthode quand on se trouvait en face de Lord Voldemort. Tout ce qui lui restait à espérer, c'était qu'il considère qu'Horace Slughorn était un allié involontaire bien utile. Sinon, ce serait les autres Mangemorts qui pourraient rire d'elle ce soir.
Malgré le fait qu'elle l'admire et qu'elle ait une grande estime de lui, la chose qui dominait quand elle se trouvait en face de lui était sans aucun doute la crainte. Mais, elle n'avait pas honte de se l'avouer, tout le monde avait peur du Seigneur des Ténèbres.

Pour ne pas le contrarier, elle avait évité de porter son attention sur Caleb. Même si elle ne pouvait pas nier qu'elle en aurait bien envie. Lui se coltinait les Mangemorts toute la journée, elle se coltinait les abrutis de Poudlard. Mais, quand leur maître était là, elle ne pouvait qu'attendre que son rapport soit terminé pour pouvoir discuter avec lui.
Elle l'avait admiré avant de le considérer comme une sorte de grand frère. Aujourd'hui, elle ne pouvait qu'admettre qu'il représentait plus qu'auparavant et qu'elle était bien loin l'époque du grand frère.
Silencieuse, elle n'avait finalement pas bougé. Il ne lui restait qu'à attendre la réaction de l'homme aux yeux rouges et voir si le couperet tomberait ou non ce soir.

A peine le Seigneur des Ténèbres avait-il demandé à Jocelyn quelles nouvelles cette dernière lui apportait que Caleb entrait enfin en scène. Il s'occuperait de lui une fois qu'il en aurait fini avec la première. Pour le moment, il n'y avait que les avancées de la mangemort qu'il désirait entendre. Le deuxième arrivé aurait droit à la parole après. Ainsi Voldemort ne lui prêta pas la moindre attention lorsqu'il s'inclina devant lui, respectueusement, s'excusant de son retard. Il n'en connaîtrait pas les conséquences ce soir-même. Faire patienter son maître lorsque ce dernier l'attendait n'était pas l'une des meilleures idées qu'avait pu avoir son mangemort. Mais il ne l'aurait jamais fait volontairement, et, d'une certaine façon, la présence de Jocelyn atténuait largement les charges. En toute connaissance de cause, Lord Voldemort était tout à fait conscient que la dernière chose que chercherait à faire l'un de ses serviteurs serait de le faire attendre. Son régime fonctionnait sur la terreur, la crainte. Ses principaux généraux n'y échappaient évidemment pas.

Ses yeux se mirent à briller un peu plus lorsque Jocelyn prit la parole pour le tenir au courant de ses avancées. Ainsi donc, elle n'avait rien trouvé ? Rien ? Fallait-il réellement qu'il lui dicte la marche à suivre ? Persuader Dumbledore que Lord Voldemort ne pouvait pas se trouver à Pré-au-Lard dans ces temps difficiles parce que les dernières nouvelles qu'ils avaient pu avoir de lui n'avaient pas eu le moindre rapport avec l'école était si impossible que cela ? Il le savait, l'imagination de Jocelyn était débordante. Peut-être n'était-elle pas aussi bon statège que Caleb, mais son jeu d'actrice avait toujours été insoupçonnable. Aurait-elle réellement du mal à faire croire que le Seigneur des Ténèbres avait été vu pour la dernière fois en train de se diriger chez Barjow et Beurk, la plus célèbre boutique de magie noire du Chemin de Traverse, une heure seulement avant le déclenchement de "ces évènements bizarres qui survenaient à Poudlard" ? Nul n'en douterait. Il ne serait pas difficile de légitimer son invention : elle pourrait prétexter avoir travaillé pendant quelques temps dans cette boutique pour tisser des liens suffisants pour que l'un des propriétaires lui envoit une lettre la prévenant de la situation. La suite, sa mangemort n'aurait qu'à l'inventer. Elle s'en sortirait, et la seule chose qu'elle avait à craindre était la colère de son maître. Après tout, il n'y aurait aucun moyen pour le directeur de vérifier si le professeur Harvey disait vrai, tout moyen de communication étant coupés. Et, dans sa trop grande confiance en la nature humaine, il la croierait. Le plan était grossier. Il ne marcherait sûrement pas. Mais pourquoi ne rien tenter quand sa propre couverture ne pouvait pas être menacée ?

"Tu es désolée ? Quelle façon étrange d'admettre que tu n'as fait que te montrer inutile pendant un long mois Jocelyn."

Le ton était glacial, sans appel. S'il l'avait désiré, le simple pouvoir de ses mots l'aurait fait tomber inerte, sur le sol, le regard vide aux côtés de Caleb... Son très cher Caleb. Loin d'être aveugle, le Seigneur des Ténèbres avait très bien deviné le lien qu'il pouvait y avoir entre ses deux généraux. Là se situait la grande différence entre lui et eux. Lui n'avait pas besoin de tisser des liens affectifs avec d'autres personnes. Lui n'avait pas besoin d'un soutien. Il n'avait pas de coeur, la preuve était faite. Oui, il fallait l'admettre, d'un certain côté, Voldemort était très déçu de ces deux individus en lesquels il avait tout de même le plus confiance, si "confiance" était le mot juste. Mais d'un autre point de vue, ce n'était qu'une satisfaction de plus... Savoir que l'un et l'autre ressentaient forcément la peur de se perdre était un nouveau moyen sûr de les garder près de lui.
Assassinant toujours du regard Jocelyn, sa seconde prise de parole fut, heureusement pour elle, une assez bonne nouvelle pour le mage noir. Il n'était pas sans connaître le fait que Slughorn soit effectivement très bavard, se vantant de connaître des secrets que tout le monde ignorait pour les partager avec ceux qu'il considérait comme ses amis. Lui-même avait largement abusé du manque de discrétion du professeur de potions lorsqu'il n'était encore qu'un élève de Poudlard. Un sourire froid, dénué de toute humanité, se dessina sur ses lèvres quasiment inexistantes. Toutefois, il ne fit aucun commentaire là-dessus. Féliciter Jocelyn alors qu'elle n'avait tout de même pas fait la moitié de ce qu'il attendait d'elle aurait été complètement ridicule.

"Et quelles sont les nouvelles, à Poudlard ? Quelqu'un se doute-t-il de quelque chose ? Aurai-je des raisons de m'inquiéter sur ce sujet Caleb ?"

Son regard s'était enfin posé sur le second mangemort présent auprès de lui. Bien entendu, la première partie de sa question était destinée à Jocelyn. Mais la seconde invitait très clairement Caleb à prendre la parole pour rapporter à son maître ce que ses serviteurs avaient bien pu commettre comme erreurs lorsqu'ils profitaient du fait que Voldemort ne puisse pas sortir lorsque l'heure n'était pas suffisamment avancée dans la nuit. Selon lui, ces derniers ne faisaient que le conforter à l'idée qu'ils n'étaient que de sombres et ridicules personnages inutiles. Il s'était avéré efficace le fait qu'un bon nombre de mangemorts l'entoure durant cet enfermement à Pré-au-Lard. Mais s'il fallait que des têtes tombent pour montrer l'exemple, le Seigneur des Ténèbres ne se priverait sûrement pas.

Être en retard. C’était une conception en tout point abstraite, étant donné que pour se trouver ponctuel à l’appel du Seigneur des Ténèbres, il aurait tout simplement fallu être justement présent sur les lieux, à l’instant même. On ne pouvait jamais contenter cette exigence temporelle, mais l’on pouvait toujours essayer à ce qu’elle ne devienne pas une impitoyable erreur. Caleb – sans doute mieux que quiconque – savait qu’il fallait bien moins que cela en certains temps pour perdre ce que l’on pouvait avoir de plus précieux, et il n’était jamais consciemment dans l’erreur, son intellect était suffisamment développé pour qu’il ait un soupçon de jugeote et ne commette pas d’affront ou de désobligeances trop sots. Il fallait tout bonnement marcher droit, éviter quelques écarts, à défaut de quoi, la mort – dans le meilleur des cas – lui tendait les bras. Triste et oppressante vision, mais devant le Seigneur des Ténèbres, il n’y avait aucune autre image à employer qui s’avèrerait plus juste ou plus réaliste.

Sans jamais oser croiser le regard de son maître, Caleb écoutait avec attention et conscience, adjoint de sa lucidité habituelle. Il n’avait rien à dire tant qu’on ne le lui demandait pas, et en l’occurrence, la meilleure écoute était plus providentielle que n’importe laquelle des impulsivités. Pour dire quoi de toute façon ? Il n’était ni sot ni suicidaire pour oser prendre le parti de Jocelyn, silencieux, immobile, atterré par sa crainte, et le respect. Elle recevait ce qui lui était dû, elle faisait ce qu’elle devait, et Caleb faisait de même. L’échec n’était pas un joker possible de sortir à n’importe quel moment de sa manche, non, face à Lord Voldemort l’on jouait toujours cartes sur table, jeu à découvert. C’était d’ailleurs ainsi que le mangemort était parfaitement conscient que son maître n’ignorait pas le lien qui l’unissait à Jocelyn, sur lequel, d’ailleurs, il pourrait sans doute tirer à son aise, et à leurs risques et périls, bien entendu. Une faiblesse. Sans doute l’unique qu’il ne revendique qu’à demi mots, mais peu importait, Caleb était conscient, lucide, et ne comptait en aucune façon faillir à sa tâche.

Quand il y prêtait quelques secondes de réflexions, Caleb avait bien des idées pour aider Jocelyn dans sa quête, néanmoins, elles étaient tout applicables dans le sens où il se prenait seulement lui en compte. Que pouvait-il faire qu’elle ne sache pas ? Difficile à dire, cependant, il savait toutes ses alternatives trop floues et incertaines pour qu’elles puissent aboutir s’il n’en était pas l’instigateur et l’exécutant. Alors quoi ? Il se mêlait sans doute de la mission qui incombait à la jeune femme, et il se trouvait d’ailleurs dans une position légitime. Tout du moins, en son sens, elle l’était. Il s’égarait peu à peu, aux prises avec des idées, des évènements, des plausibles imprévus, des erreurs, du hasard. Ce qu’il détestait le hasard d’ailleurs ! C’était exactement pour cela qu’il ne comptait jamais que sur des plans prenant tout en compte, du début jusqu’à la fin, pour ne laisser à l’imprévu aucune chance de s’immiscer. Plus que de le dire, il fallait le faire, et dans l’ensemble, il y avait réussi. Presque. Il cligna des yeux, se rabattant sur les mots du Seigneur des Ténèbres, toujours aussi imposant, grand, et intimidant. Il ne tarda pas à prendre la parole, devançant d’ailleurs Jocelyn, quoi qu’elle aurait sans doute dû répondre avant lui, dans le sens de la question, avançant à peine, inclinant une nouvelle fois la tête :

"Si je puis me permettre de parler le premier. Vos humbles serviteurs semblent saisir le sens des leçons que vous leurs inculquer, maître. Je n’ai eu à saisir qu’un moindre écart."

Il marqua un temps d’arrêt, pesant sans aucun doute ses mots, les formulant au mieux pour que la situation ne paraisse pas dramatique, et surtout importante. Il était parfaitement inutile de tourner la phrase en ce sens, et Caleb était plutôt doué dans la manipulation justement :

"Un léger accrochage à la Tête de Sanglier. Aucune perte à déplorer, pas le moindre soupçon, je puis m’en porter garant. "

A ce sujet, Caleb aimerait avec insistance éviter ce genre de décalage à l’avenir. Rien de plus méprisable que de devoir veiller sur les autres, tels des enfants en bas âge, inconscients de leurs actes. Par accrochage, il entendait surtout altercation, levée de baguettes, et quelques paroles de trop débitées par un ivrogne. Bienheureusement, cet endroit était souvent vide ou fréquentés par des badauds sans intérêts et sans intelligence. Un ou deux sortilèges, et la situation était réglée. Certes, Caleb s’en était vu furieux, mais le temps était passé, le moment apaisé, et le sort presque réglé, si l’on pouvait l’exprimer en ces termes. Mis à part ce petit écart, comme il l’avait si bien dit, aucun mangemort ne semblait être assez sot pour s’enhardir dans d’abrutissantes ou d’hostiles activités. A la satisfaction mitigée de Caleb, d’ailleurs. Sur ces mots, il s’était reculé, revenant auprès de Jocelyn, dans le rang, s’il en est.

La tête baissée, la jeune femme attendait la réaction de son maître, loin d'être dans un état de confiance. Elle l'aurait été davantage si elle avait pu se rapprocher du sorcier fou qu'était le directeur. Mais, ce n'était pas un deuxième Horace Slughorn et elle préférait y aller avec plus de subtilité. C'était la raison pour laquelle elle prenait son temps dans sa relation avec le directeur. Elle lui avait parlé plusieurs fois sans aborder de sujets importants. Le vieux fou ne disait pas souvent des choses très interessantes. Pour pouvoir en venir à sa fausse déclaration, elle préférait qu'il aborde le sujet en premier. Pour l'instant, elle n'était pas sensée savoir quelque chose au sujet des douze baguettes, tout comme elle n'était pas sensée connaître la raison de cette barrère. Alors se mettre à parler de Lord Voldemort, comme ça, d'un coup, pour lui dire qu'il n'y avait rien à craindre.... Ce n'était pas aussi facile que cela en avait l'air. C'était extremement stupide mais aussi imprudent. Son terrain c'était certes le jeu, mais elle manipulait avec intelligence. Le travail bien fait valait mieux qu'un travail bâclé.
Aussi, elle préférait attendre qu'il lui accorde sa confiance tout en ayant l'air de la simple mais sympathique professeur d'Arithmancie, que l'agresser sur sur un sujet qui éveillerait ses soupçons avant même d'avoir finit les conversations d'introduction.
Mais, Jocelyn Harvey avait bien un plan. Le tout était de trouver les moyens pour les mettre en oeuvre. Sauver un élève ou faire quelque chose de précieux aux yeux du directeur pouvait effectivement faire gagner un peu de temps. Et accessoirement lui sauver la vie avant que le Seigneur des Ténèbres ne finisse par mettre un terme à sa patience qui était déjà bien à l'épreuve.
Elle était forcée de le reconnaître. Même si la mission n'était pas aisée, il avait de bonnes raisons de ne pas se montrer satisfait. Et même s'il avait eu tort, elle aurait fait semblant d'être fautive. Elle n'était pas assez folle pour contredire une personne telle que lui.

Le ton qu'il employa ne la surpris pas.
Que pouvait elle bien répondre à ça sans éveiller davantage sa colère et sa déception ? Aussi, elle se contenta d'incliner sa tête davantage, comme pour s'excuser de nouveau de son incapacité à ne pas accomplir sa mission. Dans un cas comme celui là, il était préférable qu'elle se taise. N'importe qui aurait sentit la boule de crainte au fond de son estomac se mettre à s'agiter rien que par le ton de la voix de Lord Voldemort. En fait, il aurait pu invité quelqu'un à dîner avec cette voix là, il aurait certainement prit peur et penser qu'il ferait ce qui se trouvait dans l'assiette.
En fait, dans le cas où le Seigneur des Ténèbres inviterait quelqu'un à dîner... c'était fort probable que celui ci fasse figure d'assiette, c'est à dire de victime, plutôt que d'invité pour un repas chaleureux. C'était sans doute dans le manuel "Quelques conseils pour rester en vie si jamais vous vous retrouvez face à vous savez qui.", conseil numéro 8: refuser toute invitation à dîner.
Mais, le fait que ce manuel, qui n'existait d'ailleurs pas, ne possède sûrement que très peu de conseils enlevait toute envie de sourire à une blague peu amusante quand on se trouvait effectivement devant Vous Savez Qui.
Elle n'allait pas s'en plaindre, elle avait choisit ce chemin et n'avait pas envie de se retrouver ailleurs qu'à ses côtés. Enfin, peut être un peu plus en ce moment où le regard de son Maitre lui brûlerait presque la nuque.

Elle n'était pas surprise qu'il ne la félicite pas même s'il avait fait quand même quelque chose de son temps. Ne pas la tuer valait plusieurs félicitations.
Loin de se relâcher, elle avait toutefois pousser un soupir intérieur. Pour ce soir, elle bénéficiait sans doute d'un délai.
Puis, il avait choisit de la questionner sur Poudlard. Caleb l'avait devancé, et elle l'avait laissé finir, profitant de cet instant pour chercher une réponse qui ne pourrait pas le pousser davantager vers la mauvaise humeur. Fort heureusement, de ce côté là, même sans mentir, il n'y avait aucun problème. Personne ne la soupçonnait, elle était Jocelyn Harvey, une simple professeur d'Arithmancie.
En ce qui concernait Caleb, comme à son habitude, il semblait gérer la situation. Du moins, il ne la laissait pas glisser entre ses doigts. C'était au moins un soulagement pour la soirée. Caleb Parker était une personne assez forte pour qu'on ne s'inquiète pas pour sa sécurité. Mais aux côtés du Seigneur des Ténèbres, personne ne pouvait être sûr de rester en vie très longtemps.
Aussi, elle ne se niait pas être soulagée de voir qu'il s'en tirait bien. Elle avait finit par reconnaître, même si ce n'était qu'à elle même, qu'elle l'appréciait sans aucun doute plus que ce qu'elle pouvait dire ou montrer.
Le jeune homme ayant terminé, elle reprit finalement la parole:

"Rien à signaler mis à part que les questions ne sont que davantage présentes. Le directeur aura probablement du mal à gérer tout ce petit monde. Il semble d'ailleurs plus... agité que d'habitude."

Rappeler à Lord Voldemort que c'était lui qui dominait n'était pas une mauvaise chose question humeur. Elle n'avait même pas besoin de mentir pour le faire. Les personnes qui se posaient des questions à Poudlard étaient de plus en plus nombreuses, et ce cher Albus avait l'air nettement plus soucieux que d'habitude. Il devait probablement se rendre compte que ce n'était pas si facile que ça d'être directeur. Tant mieux, un directeur dans son genre était une honte pour cette école.
Cela appartenait à son occupation du moment pour tuer le temps. L'observer pour noter des signes d'inquiétude. Mais pas encore assez pour pouvoir s'en distraire. Et pas non plus encore assez pour se reposer sur ses lauriers. Surtout quand elle stagnait autant dans sa mission. Aussi, elle n'avait pas exagéré la chose, bien consciente que la partie était loin d'être gagnée.

Autant dire que le Seigneur des Ténèbres préféra largement fixer son attention sur le mangemort qui en valait le plus la peine en sa présence pour le moment : Caleb. Il voulait que Jocelyn sache à quel point elle s'était avérée être, au final, inutile. A quel point elle pouvait retarder sa propre avancée à lui, et que si elle n'avait pas été la seule à pouvoir porter ce rôle, il l'aurait sûrement fait disparaître dès que la jeune femme n'avait pas su lui rapporter les informations auxquelles il s'était attendu. Mais le mage noir le savait très bien : il avait tendance à tout vouloir sur le moment pour pouvoir continuer son ascension vers le pouvoir ultime. Peu importait. Une fois que tout serait fini, une fois qu'elle n'aurait plus de rôle à jouer dans ses plans, il saurait parfaitement s'arranger pour lui faire comprendre qu'on ne prenait pas les missions du Seigneur des Ténèbres à la légère. Certes, la jeune femme s'était mise Slughorn dans la poche. Mais lui Voldemort ne voulait pas apprendre quelque chose qui se serait forcément passé en peu de temps. Lui désirait plus que tout qu'elle réussisse à faire l'impossible pour une fois, comme lui le faisait toujours. Supérieur. Il était définitivement supérieur, et aucun de ses deux généraux ne seraient capables de faire en un mois ce que le Seigneur des Ténèbres pouvait exécuter en seulement quelques secondes.

Pourtant, les nouvelles qui lui furent rapportées par Caleb eurent l'effet de renforcer l'idée qu'il avait, sur le fait qu'à lui seul, il pourrait exécuter tout son plan. Pourquoi devait-il être entouré d'incapables ? Pourquoi ces derniers espéraient-ils toujours s'accorder des faveurs que même leurs supérieurs ne méritaient pas ? Examinant Caleb, un air glacial et hostile sur son visage, le Seigneur des Ténèbres se demanda un instant si le mangemort n'essayait pas de masquer la bêtise de ses collègues dans quelques flatteries qu'il pourrait faire à son maître... Et donc de se moquer de lui. Si ses autres serviteurs avaient bel et bien compris la leçon, pourquoi y avait-il eu un accrochage ? Pourquoi lui-même, le puissant Lord Voldemort, qui ne pouvait pas mettre le nez dehors, avait-il entendu deux de ses Mangemorts se plaindre d'Abelforth Dumbledore, qui avait apparemment découvert la marque des ténèbres de l'un de ses clients trop bavards ? Oui, le responsable avait été puni. Et tout le monde savait pertinemment que le frère du vieux directeur de Poudlard était en froid avec ce dernier. Mais les erreurs avaient été commises. Et qui avait la mission de veiller à la discrétion des partisant du Seigneur des Ténèbres ? N'était-ce pas Caleb Parker, le mangemort se tenant devant lui, soumis à son maître ?

"Je suis assez déçu de voir que tu puisses simplement penser pouvoir camoufler ton manque de responsabilité derrière les quelques flatteries que tu me fais constamment, Caleb."

Mécontent, il pensa ensuite à tout ce que les petits incidents pouvaient bien engendrer de réellement préoccupant. Le fait qu'autant de nouvelles personnes soient arrivées à Pré-au-Lard en même temps, et juste avant que la barrière des baguettes soit activée peu avant celle de Dumbledore, éveillerait à un moment ou à un autre les soupçons. Certains mangemorts devraient éviter de sortir ou de traîner trop autour de la Cabane Hurlante, comme ils en avaient trop la sale manie.

"Tu puniras sévèrement ceux qui sont à l'origine du problème. Et si tu l'as déjà fait, recommence. Ces légers accrochages comme tu dis ont lieu depuis déjà un mois, montrer l'exemple ne suffira plus. Tu leur diras aussi de sortir le moins possible, et d'éviter comme tous les autres habitants la proximité de la Cabane Hurlante lorsqu'ils sont dehors. Celui qui n'écoutera pas les ordres finira comme finira très bientôt ce cher Albus Dumbledore. Plus aucun écart ne sera toléré. Si on note trop de disparitions parmi les sorciers du village à cause des propres bêtises de mes serviteurs, tout Poudlard saura très bien que quelques mangemorts se trouvent à Pré-au-Lard."

Puis Jocelyn reprit la parole, parlant des évènements de Poudlard comme le Seigneur des Ténèbres le lui avait demandé. Oui, il s'y était attendu. Les questions sur les évènements de l'école devaient être dans l'esprit de tous. Mais avec les erreurs de ses mangemorts, il avait aussi espéré ne pas avoir à lui demander qu'elle puisse lui apporter des informations sur les soupçons qui risquaient de le toucher directement lui. Et si elle avait cru que lui dire que Dumbledore était plus agité que d'habitude, cette nouvelle ne lui apportait qu'un sentiment assez mitigé de satisfaction et d'inquiétude.

"Et penses-tu qu'il serait possible qu'il puisse y avoir un rapport avec moi ? Penses-tu que nous pourrions remettre en cause l'efficacité de ton cher Caleb ?"

Le souci avec Lord Voldemort, c’était bien qu’il voyait tout ce que les autres auraient tout simplement ignoré. Caleb se savait souvent en position de force quand il s’agissait de jouer de flatteries et de manipulations, et instinctivement – car il n’aurait jamais consciemment voulu induire son maître en erreur – il s’était exprimé avec toutes les formules de langage dont il avait coutume. Il s’agissait d’un don inné, qu’il ne savait jamais repousser, et la manipulation de mots et des attitudes avait été le tout premier de ses atouts, ne lui ayant d’ailleurs jamais fait défaut. Il devrait sans doute revoir toutes ses certitudes car bien des points allaient à l’encontre de la situation qui perdait en confort sur l’instant. Caleb se sentait mal, affreusement mal, et quoi qu’il n’en montre rien avec ostension, il savait pertinemment que son maître lisait en lui comme en un livre ouvert. Il se savait transpercer de part en part par ce regard glaciale, perçant, ne lui laissant aucune manœuvre d’esquive ou de dissimulation. Il était à nu, tout simplement.

Il ne répondit, bien évidemment, rien. Il ne présentait jamais aucune excuse, c’était parfaitement inutile. Implorer un pardon qu’il n’obtiendrait jamais été un acte de servilité et de faiblesse qu’il ne concevait, et non pas par fierté, mais bien par lucidité. Lord Voldemort n’avait pas besoin de cela pour savoir l’emprise qu’il avait sur lui, et autant dire que même si Caleb était loin de la culpabilité, il existait en lui le regret et l’amertume de l’échec, et si quelque chose lui déplaisait profondément, c’était bien d’échouer. Philosophie de vie, il se pensait né pour réussir. Vu où il en était à ce jour, il avait le sentiment qu’une telle méthode de penser ne pourrait le desservir.

Caleb était également parfaitement conscient de ce que ce genre d’écarts pouvait engendrer, mais il ne se justifia pas. Avant même que le Seigneur des Ténèbres ait eu besoin de lui donner quelques instructions que se soient, il avait déjà fait son chemin, ses idées étaient mûries et au bord de l’éclosion. Il s’agissait justement du mangemort en question avec qui il était affairé avant cet entretien, et l’idée de devoir encore le passer en torture ne lui faisait aucun effet. Son habituelle satisfaction perverse et précoce n’était pas au rendez-vous. Rien d’anormal, il savait que sa colère serait plus indomptable encore que la punition d’un seul mangemort, il attendait seulement son heure pour éclater. Pour l’heure, il était résolu à sa soumission et à sa sérénité de glace. Il acquiesça tout juste aux paroles de Lord Voldemort, et n’avait aucunement besoin de se le faire répéter deux fois. Aucun mot ne vint à ses lèvres, tout simplement parce qu’aucun mot n’avait besoin d’être prononcer pour le moment. De nouvelles idées s’insinuaient en lui, et elles n’étaient pas vraiment de bon augure pour qui se mettraient en travers de sa route …

« Ton Cher Caleb ». Le dédain que ces mots animait voulait tout dire, et le concerné s’en sentit tout simplement blesser. Il ne s’agissait même pas de la mention de sa dite « efficacité », non, il se sentait atteint par la désignation qu’on venait de lui attribuer. Il s’en serait presque senti sali, touché, et presque même révulsé par ce quelque signe relatif d’appartenance. C’était ce qu’on appelait passer du chaud au froid, et en général, Caleb détestait cordialement ce jeu. Il savait son amertume faire battre plus intensément son cœur, laissant monter ses mots à ses lèvres. Rien ne sortit. Il resta froid, muré dans son silence imperturbable. A quoi bon se sentir atteint ? Tout était trop compliqué, et il se savait apte à suivre sa raison plutôt que la folle passion qui déchirait ses entrailles.

Les mangemorts de l’autre côté de la porte ne savait pas ce qui les attendait, mais ce qui était certain, c’était bien que la mort allait avoir un goût de grâce désormais. En sortant d’ici, Caleb réviserait tous les rangs du Seigneur des Ténèbres, à commencer par imposer des directives claires et sans détour, sous quoi la mort serait immédiatement adjointe. Le châtiment semblait la meilleure des pressions, mais Caleb voulait plus que de la pression sur ces sorciers, il allait avoir leur vie, leurs peurs, leurs sentiments, soumis en un seul groupe, car jamais plus il ne voulait de telles paroles à son encontre.

L'arithmancie semblait d'un seul coup beaucoup plus amusante. Elle aurait finalement préféré donner un cours de cette matière inutile plutôt que de se trouver ici. Elle avait choisit de servir le Seigneur des Ténèbres, mais quand il s'agissait de lui faire un rapport aussi nul... elle regretterait presque sa stupide salle de classe. Mais, pour elle, il ne faisait aucun doute qu'elle lui rapporterait quelque chose de beaucoup plus intéressant la prochaine fois. Et si ce n'était pas au sujet de la barrière, elle trouverait quelque chose de plus réjouissant pour lui qu'Horace Slughorn. Au moins, son ancien directeur de maison lui avait sauvé la vie sans s'en rendre compte. Mais elle ne pouvait pas se contenter de ça la prochaine fois. Soit le professeur de potions lui aurait révélé quelque chose capable de lui laisser plus de répit, peut être même d'assez satisfaisant pour qu'elle soit tranquille plus longtemps que prévu. Soit, elle trouverait quelque chose d'intéressant à Poudlard pour son maître.
Peut être était il temps qu'elle prenne un peu plus de risques, même si cela mettait en péril son jeu d'actrice. Après tout, elle était là pour lui donner satisfaction, elle avait choisit cette voix. Elle avait déjà tué son père, alors ce n'était pas une stupide barrière qui pourrait l'arrêter. Elle n'était pas une simple sorcière sans intérêts, et elle était bien décidée à le prouver. Dès demain, elle aggrandirait son champ de recherches, la barrière n'était que la mission officielle, mais il y avait d'autres moyens de satisfaire Lord Voldemort. Bien entendu, elle n'oublierait pas sa mission initiale même si elle lui semblait assez difficile à accomplir. Elle avait confiance en ses capacités et en théorie rien n'était impossible, surtout pour les personnes mettant la faiblesse de côté à la différence de Poudlard qui acceptait tout un tas d'incapables dans ces salles de classe.

Ignorée, elle ne bougeait pas. C'était préférable pour sa vie et il fallait avoir conscience que rien n'était semblable auprès d'un tel Maître. Elle avait vu plusieurs collègues mourir... d'accord, elle devait bien admettre qu'elle n'en n'avait pas éprouvé un seul pincement au coeur. Sans coeur ? Presque. Elle aurait pu dire qu'elle en manquait il y a quelques temps, mais la preuve contraire était à présent inclinée devant la même personne, à ses côtés.
Pour en revenir au sujet principal, elle connaissait les risques pour avoir vu... disons des gens sans importance en faire les frais. On ne s'engageait pas dans les rangs de Lord Voldemort à la légère. Tout comme on ne devenait pas son ennemi avec facilité. Finalement, elle ne saurait dire quel camp était le plus risqué. Celui où elle se trouvait où on risquait sa vie si on ne faisait pas preuve d'assez de talent à satisfaire son Maitre. Mais on risquait également sa vie auprès du camp des gentils comme on disait dans les livres et partout ailleurs. Dans l'autre, on pouvait également se faire tuer à tout moment. La différence était sans doute qu'on avait moins de chance de se faire tuer par un membre de son propre clan.
Il était nécessaire que l'adversaire ait un avantage vu leur infériorité après tout. Et à présent, celui ci donnait plutôt l'impression de ramer loin derrière. Il fallait simplement ne pas se reposer sur cette avance et baisser sa garde. Dit comme ça, évidemment, ça paraissait simple. Le chemin était certes difficile, mais il était également difficile de douter de leur supériorité évidente.

Malheureusement pour Caleb, c'était à son tour de subir le mécontentement de Lord Voldemort. Il était assez difficile de satisfaire ce dernier. Et si de son côté, elle pensait que le jeune homme s'en tirait plutôt bien, leur Maître ne partageait pas la même vision des choses.
Evidemment, si elle avait pu voir la suite des évènements, elle aurait trouvé autre chose à dire. Même si ce n'était pas sûr qu'il n'y trouve pas de raisons d'être déçu aussi. Savoir que Caleb allait pouvoir se défouler un peu sur quelques mangemorts peu malins aurait pu l'amuser dans d'autres circonstances.
Après la réaction du Seigneur des Ténèbres face à sa réponse, Jocelyn s'était mordu la lèvre. Pour elle, parler de ça était une bonne chose, quelle erreur stupide. Mais à part ça, elle ne voyait pas ce qui aurait pu le satisfaire. Selon son avis, Dumbledore s'inquiétait pour les disparitions et tout ce qui entourait cette histoire de prophétie. Mais, il devait se dire qu'il n'y avait que très peu de chances que son pire ennemi se trouve dans les parages. Il aurait probablement envoyé quelques personnes faire un tour... les soupçons du directeur ne devaient pas être assez grands puisqu'elle n'avait remarqué aucune autre agitation inhabituelle.
"Ton cher Caleb", elle n'avait pu s'empecher de détourner les yeux discrètement vers celui ci avant de fixer le sol de nouveau. Sans vouloir le défendre, elle était persuadée que l'agitation n'était pas provoquée par un manque d'efficacité de Caleb. Aussi, elle répondit en toute franchise après avoir secoué la tête:

"Non Maître. Je pense qu'il recherche l'héritier de Rowena Serdaigle. Et selon ce que j'ai pu voir, il ne semble pas avancer dans ses découvertes."

C'était vrai. Elle pensait l'avoir assez observé pour ne pas se tromper sur ce point. Bien sûr, c'était pratique que ses convictions ne mettent pas Caleb dans une situation délicate. Mais elle se gardait bien d'avoir l'air de le défendre devant Lord Voldemort.
Dès demain, elle veillerait à ce que la prochaine fois ne soit pas semblable, et pourquoi ne pas proposer à ce bon vieux Slughorn d'aller boire un verre. C'était toujours agréable de parler du bon vieux temps... du moins officiellement. S'il savait quelque chose, il n'y avait rien qui pourrait garder pour lui, elle savait obtenir des renseignements quand c'était au niveau de l'exigence. Et même si elle sortait du chemin prévu, cela n'avait pas beaucoup d'importance.

Comme il était bon, voire même particulièrement délectable, le fait de voir chaque jour que sa volonté était la plus importante aux yeux de tous ! Comme il était agréable d'observer ses deux mangemorts les plus forts soumis aux moindres de ses désirs, avec la peur obsessionnelle de le décevoir et de ne pas accomplir sa tâche comme le Seigneur des Ténèbres le désirait ! Comme il était particulièrement intéressant ce que pouvait bien avoir comme signification le seul mot qui dominait dans cette salle et dans la propre vie de Lord Voldemort : le pouvoir ! Car la personne qui avait bel et bien ce même pouvoir en sa possession dans le lieu où ils se trouvaient, c'était bien lui. La personne en position de supériorité constante n'était autre que le puissant mage noir, descendant direct de Salazar Serpentard. Personne n'aurait pu en douter. Non seulement par la puissance qu'il dégageait, cette peur qui l'enveloppait et qui s'était développée dans toute la salle pour terroriser la moindre personne qui aurait pu entrer, mais aussi juste par les positions de soumission de ses deux généraux. Et eux mêmes étaient bien placés pour savoir que si cette place était difficilement acquise, elle était une sorte de procès constant. La moindre erreur connaîtrait des conséquences bien plus graves pour eux que si un simple mangemort l'avait commise. On ne décevait pas le Seigneur des Ténèbres, et on pouvait encore moins se le permettre lorsque l'on se retrouvait à un stade aussi "élevé" que celui auquel se retrouvaient Jocelyn Harvey et Caleb Parker.

En parlant de Caleb, ce dernier n'osa plus prononcer un mot. Et il avait parfaitement su adopter l'attitude qu'il fallait : se faire le plus petit possible. Pour le moment, Lord Voldemort désirait qu'il se confonde même avec le plancher poussiéreux de la Cabane Hurlante. Le traiter avec le moins de considération possible était la seule chose que le Seigneur des Ténèbres pouvait faire pour lui en ce moment-même. Tout comme pour Jocelyn. Sans compter qu'il trouvait leur petite relation particulièrement offensente pour eux-mêmes et pour lui. Comment un sorcier peut-il espérer devenir puissant avec une attache affective derrière lui qui ne ferait que le ralentir ? Entendrons-nous parler de Caleb Parker et de Jocelyn Harvey dans le futur ? Bien sûr que non. Non seulement ces deux personnes seraient mortes, le mage noir n'avait aucun doute là-dessus, mais ils n'auraient pas su apprendre la plus capitale des choses : on pouvait vivre sans amour, mais pas sans pouvoir. Cette règle s'appliquait à toutes les personnes ayant un minimum de points communs avec lui. Et bien qu'à côté du Seigneur des Ténèbres, Jocelyn et Caleb n'aient pas même le pouvoir d'un vulgaire Cracmol, il fallait admettre en poussant assez loin que l'on pouvait trouver chez eux quelques uns de ses aspects.

Un sourire supérieur, sans la moindre joie, exprimant plutôt son mépris pour les deux mangemorts présents devant lui vint se poser sur son visage. Il savait très bien l'emprise qu'il avait sur eux. Il savait très bien que s'il levait sa baguette pour en tuer un, l'autre ne lèverait pas même le petit doigt, par crainte. Jamais ils ne prendraient le risque de le trahir. Non, Lord Voldemort n'avait aucune confiance en eux. Mais ils étaient tout simplement terrifiés, tétanisés, respectueux et admiratifs devant lui. Lui et son pouvoir. Lui qui avait déjà trouvé un moyen de vaincre la mort. Passant là-dessus, ne s'attardant plus sur des nouvelles qui n'avaient fait que le conforter dans sa mauvaise humeur et son envie grandissante de tuer toutes personnes n'exécutant pas ses ordres comme il le fallait, le mage noir préféra écouter attentivement les paroles de Jocelyn. A la fois satisfait et agacé par le flou que ces nouvelles lui apportaient en plus, un long silence s'installa. Long silence durant lequel il observa tour à tour Caleb et sa collègue. Pour lui, le fait que Voldemort ait dit que d'une certaine manière, le mangemort appartenait à Jocelyn avait du être particulièrement difficile à encaisser. Mais qu'aurait-il bien pu faire d'autre ? Négligeant la seconde, il adressa la parole au premier, qui n'avait pas dit mot depuis que son maître l'avait sévèrement traité... Ce qui n'était pas prêt de s'arrêter. Il allait, une fois de plus, faire d'une pierre deux coups :

"Alors Caleb, es-tu heureux que ta chère Jocelyn t'aie défendu sans nous montrer clairement ses intentions ? Habile de sa part, n'est-ce pas ? Et crois-tu que le fait qu'elle "pense", comme elle le dit si bien, soit suffisant pour m'affirmer que Dumbledore n'avance pas ? Jocelyn, la prochaine fois que tu viendras me voir, s'il y en a une, je préfèrerai que tu viennes avec tes certitudes... Je pensais pourtant que la confiance du directeur était facile à acquérir. N'en a-t-il pas fait la preuve maintes fois ? Et toi, Jocelyn, tu serais incapable de savoir l'utiliser ?"

"Sauf le respect que je vous dois, je ne lui appartiens pas, et réciproquement."

Son ton avait sonné sec et cassant, comme tranchant une question qui demeurait en suspens. Il ne s’agissait pas d’agressivité loin de là, Caleb savait ce qu’il risquait s’il s’y était aventuré, il était plus prudent et plus réfléchi que cela, si bien qu’il avait pesé chacun de ses mots pour qu’il n’appartienne qu’à lui et au respect qui était dû à Lord Voldemort. Il voulait éclaircir ce point qui lui torturait les entrailles depuis un moment, et cette nouvelle invitation du Seigneur des Ténèbres dans ce qui ne concernait que leurs propriétés humaines l’avait laissé en proie à des répliques. Il avait donné le ton de ses sentiments, mais sans pour autant se trahir totalement.

"Je n’ai besoin de personne pour me défendre, et vous le savez mieux que quiconque."

Son ton était emprunt à la détermination qu’il ne s’évertuait pas à dissimuler. Quelques soient les sentiments qu’il pouvait bien porter à Jocelyn, il ne s’en sentait pas affaibli au point de se laisser insulter de la sorte sans réagir. Si le Seigneur des Ténèbres le tenait en soumission, Caleb n’était pas pour autant dépourvu de fierté, et quoi qu’il en taise bien des termes, tout était bel et bien là. Dignité, fierté, ego, tout concordait au point qu’il s’en voit tout simplement réceptif. Il avait mis une quasi dette d’honneur à s’exprimer, néanmoins, il allait bientôt se réduire au silence. Une petite chose lui brûlait encore les lèvres :

"Vous le savez encore mieux que nous, Dumbledore est impuissant et déphasé de notre réalité. Si elle « pense » qu’il n’avance pas, je croirais avec plus d’ardeurs ses dires que si je ne l’avais vu de mes propres yeux. "

Il venait de remarquer le pas qu’il avait fait en avant quelques minutes auparavant, et il revint, pour ainsi dire, dans le rang, au côté de Jocelyn. Il avait toute foi en ce qu’il disait, et il ne se démontait jamais, tout simplement parce qu’il ne prononçait jamais un mot de trop. Il avait exercé une sorte d’audace qui était pourtant majorée par sa retenue perpétuelle. Il s’était seulement exprimé en toute honnêteté. Il n’avait plus rien à ajouter, le Seigneur des Ténèbres accordait la parole à sa collègue, qu’il ne regardait jamais. Caleb demeurait dans son imperturbable sérénité, doublé par sa dignité.

Ne voyant pas la mission de Jocelyn comme aisée, il se gardait bien de porter un jugement sur quoi que ce soit. Il avait des idées, des prémices de stratagèmes élaborés, mais rien qui puissent un jour sortir de son esprit pour se mettre en pratique. Il était enfermé dans sa propre réflexion, certain d’avoir fait ce qu’il fallait. Et après ? Peu lui importait, il servait les intérêts et désirs de Lord Voldemort, il n’était ni idiot, ni soumis, il savait seulement où étaient ses intérêts, et il préférait avoir ce mage noir de son côté que dans son adversité.

Sa seule réaction fut de pousser un soupir intérieurement. Si elle avait dit qu’elle pensait, c’était tout simplement parce qu’elle ne pouvait pas être dans la tête de ce crétin de Dumbledore. Mais, en ne regardant que son attitude, elle était persuadée qu’il stagnait. Une fois de plus, un simple mot lui retombait dessus. Jusqu’à la fin, elle avait décidé de garder le silence pour ne pas empirer la situation qui l’était déjà bien assez. Elle n’avait pas voulu défendre Caleb, elle avait juste dit ce qu’elle pensait. Evidemment, ça l’arrangeait que ça aille dans le sens de Caleb, mais elle n’avait rien inventé pour lui épargner quelques ennuis. N’importe qui aurait trouvé agaçant d’être toujours remis en question. Bien sûr, c’était un peu le cas. Mais, elle trouvait préférable de vivre plutôt que de se rebeller comme s’il s’agissait d’un quelconque patron. Si une autre personne s’était trouvée en face d’elle, elle n’aurait pas hésité à se montrer plus fière et même à le dominer. Mais qui pouvait dominer Lord Voldemort.
Aussi, même si la dernière partie de la phrase de son Maître s’adressait à elle, Jocelyn n’ouvrit pas la bouche. De toute manière, que pouvait elle répondre à ça ? C’était plus une constatation de sa part qu’une question. La confiance du directeur, elle ne l’avait pas. Jack Campbell l’avait, Minerva McGonagall l’avait, mais pour elle qui travaillait ici depuis seulement un mois… elle ne pouvait pas dire que le directeur livrerait si facilement ses petits secrets.
Dumbledore était certes un crétin. Mais pas au point de tout dire au premier venu. Pourtant, elle garda cette pensée pour elle. Après tout, son maître devait en avoir conscience aussi. C’était juste bien utile pour les rabaisser et leur faire comprendre qu’il n’était pas satisfait. Ou alors, le fait qu’il soit supérieur rendait les choses nettement plus faciles selon son point de vue.

Elle se sentait supérieure également. Mais, visiblement pas assez pour obtenir la confiance du directeur de Poudlard. Et pas non plus assez pour jouer son jeu plus dangereusement qu’elle ne le faisait déjà.
Elle ne voyait pas ce qu’il y avait à ajouter à cette entrevue, et elle s’attendait à ce qu’il parte ou qu’il leur intime de le faire bientôt quand Caleb prit la parole.
Bien sûr, elle eut ce sentiment de crainte à son égard. Elle ne pouvait pas le nier, elle tenait à lui et le voir agir ainsi lui faisait redouter le pire. Mais cette crainte fut dominée par une certaine colère qui allait bien avec la première.
Non, elle n’était pas en colère parce qu’il répondait à son Maître. Elle l’était parce qu’il mettait sa vie en danger délibérément, parce qu’elle redoutait la réaction du Seigneur des Ténèbres et le voyait bien lever sa baguette d’un instant à l’autre, même pour lui couper la parole définitivement.
Elle aussi avait sa fierté, mais elle n’était pas assez inconsciente pour la défendre au prix de sa vie. Malheureusement, elle n’aurait probablement pas la chance de se mettre en colère contre lui une fois que le Seigneur des Ténèbres ne serait plus là.
Toutefois, elle se trouvait désormais incapable de garder le silence, et c’est bien pour le défendre cette fois qu’elle prit la parole rapidement :

"Maître ! Je ferais mieux la prochaine fois. Je n’échouerais pas aussi facilement qu’aujourd’hui."

Une sorte de promesse bien difficile qu’elle venait de faire. Mais, elle n’avait pas particulièrement envie de voir Caleb raide mort à ses côtés. Et même si ses paroles ne prenaient pas directement son parti, c’était bien pour le protéger qu’elle avait voulu calmer Lord Voldemort par ces quelques mots.
Elle n’était pas sûre que Caleb apprécie. Il était assez grand pour se débrouiller tout seul et surtout assez fier, un peu dans le même genre qu’elle. Mais, elle n’appréciait pas non plus qu’il prenne autant de risques en répondant au Mage noir. Pour quelques secondes, elle avait ravalé sa colère, et elle s’était même redressée dans sa précipitation pour parler.
Désormais, elle s’inclinait de nouveau, gardant respectueusement le silence. Actuellement, elle avait bien envie de fusiller Caleb du regard pour son imprudence. En même temps, c’était frustrant de se rendre davantage compte de son attachement pour lui à cause d’un moment tel que celui là. Il y a quelques années, elle pouvait avancer sans avoir besoin de personne et sans avoir peur pour quelqu’un. Aujourd’hui, elle était énervée parce qu’un mangemort, le seul qu’elle appréciait, avait répondu à son Maître. Et ce n’était pas pour défendre le second, mais bien par attachement pour le premier.

Le Seigneur des Ténèbres posa son regard sur Caleb. Glacial, méprisant et méprisable, il releva sa tête d'un air plus que supérieur pour jauger avec plus de cruauté que jamais son mangemort. Autant dire que ce qui allait l'attendre, un bon nombre de ses serviteurs l'avait attendu. Comment osait-il ? Comment pouvait-il se permettre de lui adresser la parole sur ce ton, sur cette suffisance, à lui, le puissant Lord Voldemort ? N'avait-il pourtant pas eu l'occasion d'apprendre énormément de choses à ses côtés ? Notamment celle de ne jamais chercher à lui répondre lorsque son maître ne faisait que le rabaisser ? C'était pourtant l'une des choses que, contrairement à tout ce que l'on pouvait croire, le Seigneur des Ténèbres avait apprécié chez le mangemort. Il avait le droit de se considérer comme étant supérieur à la plupart des sorciers, puisqu'il l'était clairement. Mais les limites existaient. Et Caleb venait de les franchir. Il la sentait, sa baguette magique. Elle le démangeait presque, comme si cette dernière faisait partie intégrante de son corps. De toute sa hauteur, de toute sa splendeur, le mage noir aurait pu tendre le bras pour prononcer les mots fatals : Avada Kedavra. Pourtant, il n'en fit rien, sondant l'esprit du mangemort sans même avoir besoin de le regarder dans les yeux.

Le coup qu'il lui avait porté n'était rien. Caleb était bien trop fier, bien trop sûr de lui. Le Seigneur des Ténèbres ne manquerait pas de le lui reprocher. Il n'avait qu'une cause à servir : la sienne. Celle du serviteur importait peu et il aurait dû être le premier à le savoir. Et si la leçon n'avait pas été apprise soigneusement, Voldemort se chargerait de la lui faire comprendre par la force. En temps normal, il se serait débarassé de lui sans montrer un seul signe pouvant présager sa mort. Mais là non. Il ne pouvait pas se le permettre, et Caleb en profitait bien trop à son goût. S'il ne s'était pas bientôt rattrapé, la sanction tomberait sévèrement lorsque le Seigneur des Ténèbres se serait arrangé pour ne plus avoir à compter sur lui. D'autant plus qu'il avait déjà été déçu par ce dernier. N'était-ce pas Caleb qui avait été chargé d'éliminer Jack Campbell, alors que celui-ci avait tué son père, un de ses anciens serviteurs ? Et pourtant, lorsqu'il en avait eu l'occasion, l'ancien auror avait réussi à s'évader. De quelle autre preuve le mage noir avait-il besoin ? A force d'attendre trop longtemps, d'aimer faire durer les choses, comme le faisait son serviteur, on finissait par perdre beaucoup. Lorsqu'il parla du directeur de Poudlard, le Seigneur des Ténèbres masqua de moins en moins son énervement. Comment pouvait-il affirmer que le directeur ne se doutait de rien ? Dumbledore devait forcément chercher à savoir pourquoi la malédiction avait été enclenchée. Pourquoi l'héritier de Serdaigle s'était déclaré à ce moment-là. Personne ne connaissait vraiment le vieil homme. S'il était bien la seule personne qui pouvait un tant soit peu effrayé le grand Lord Voldemort, ce n'était pas pour rien. L'intelligence du vieillard loufoque n'était plus à prouver. Ce n'était q'une question de temps avant que sa présence à Pré-au-Lard ne soit découverte, et bien que les apparences soient en sa faveur, tout pouvait chavirer d'un moment à un autre. Il suffisait qu'un de ses mangemorts soit découvert pour que tout doive changer. Il suffisait d'une seule petite erreur.

"Le problème avec Dumbledore, ignorant Caleb, c'est que tu ne le connaîs pas. Ce n'est pas parce que tu as passé sept années à le voir sans lui parler que tu peux te faire une idée précise de son pouvoir, ou de ce qu'il pense. Ici, la seule personne pouvant m'apporter des certitudes sur le directeur de Poudlard, ce n'est certainement pas toi. Il serait appréciable que tu te mettes à réfléchir."

Tout ce qu'il avait dit fut prononcé dans le ton le plus doux, le plus glacial et le plus faux qui puisse exister. Entre temps, il avait sorti d'un geste grâcieux sa baguette, à présent pointée sur le mangemort. Mais alors qu'il s'apprêtait à utiliser le sortilège de Doloris contre ce dernier, chose qu'il avait déjà pratiqué contre ses généreux, bien que ce fut très rarement, Jocelyn signala de nouveau sa présence. Ah oui ? Elle ferait de son mieux la prochaine fois ? Mais cette promesse n'avait pas été faite juste pour protéger son collègue... Alors que ce dernier n'avait pas besoin de se faire défendre par qui que ce soit, comme il l'avait pourtant signalé ? Sans s'en rendre compte, la jeune Harvey avait certainement dû blesser la fierté de l'homme méprisable que le Seigneur des Ténèbres avait face à lui. Alors il ne fit rien, abaissant sa baguette, trouvant alors la nouvelle idée qu'il avait dans la tête nettement plus intéressante que la précédente. A quoi lui servirat-il de torturer Caleb Parker lorsqu'il pouvait "s'amuser" un peu avec lui avant ? Il avait toujours fait cela. Si ses deux généraux avaient acquis leur place avec tout le mérite qui leur était dû, ils n'avaient fait que se rapprocher un peu plus dangereusement de leur maître. Ils étaient les mangemorts les moins en sécurité, surtout en période de "crise", lorsque quelque chose ne fonctionnait pas exactement comme prévu. Sondant alors Jocelyn de ses yeux rouges terrifiants, le mage noir n'avait cependant pas abaissé sa baguette, toujours pointée vers Caleb, prêt à lui jeter un sort s'il faisait le moindre mouvement.

"Très bien. Dans le cas contraire, si tu ne me satisfais pas comme tu le fais si souvent en ce moment, tu n'auras plus d'autres chances. Tu as déjà suffisamment usé la patience du Seigneur des Ténèbres. Tu as vu Caleb ? Toi qui n'a besoin de personne, Jocelyn vient pourtant de t'empêcher de subir la colère plus que justifiée que j'avais contre toi. Il est clair qu'après cela, tu n'as besoin de l'aide de personne."

Car oui, le Seigneur des Ténèbres n'avait pas eu de chercher bien loin pour savoir que si Jocelyn était intervenue si vite pour lui faire cette promesse de lui apporter un rapport nettement meilleur que celui qu'elle lui avait fait ce soir-même pour la prochaine fois, ce n'était que pour empêcher son maître de faire du mal à "son cher et tendre". Comme il était facile d'utiliser les sentiments qu'ils avaient l'un envers l'autre... Contre eux-même. Il n'y aurait plus qu'à attendre. Sans ajouter un seul mot, il avait baissé sa baguette. Puis faisant quelques pas vers la sortie pour échapper à leur présence de plus en plus désagréable, il avait fini par ajouter, non sans un regard plus que menaçant :

"Tâchez de ne plus me décevoir. Il arrive dès fois où le trop peut apparaître. Et pour vous deux, il risque de se montrer plus vite que prévu."

[Ailleurs, fin du topic pour moi, bonne continuation à vous deux =) ]

Il n’y avait aucun problème, Caleb savait exactement où il avait dérapé et où il allait littéralement tomber. Sa fierté était sans aucun doute, et de loin, son plus grand défaut, et son indépendance native en avait fait quelqu’un d’autant plus digne, qui s’était toujours acharné à faire mieux que les autres, au point, peut être, de se mentir lui-même. Il manipulait depuis toujours, depuis qu’il était jeune, il n’avait été élevé que pour cela, pour se hisser parmi les autres, pour vaincre et pour demeurer. Son ego n’en était, bien évidemment, que plus imposant, et même oppressant, néanmoins, il ne s’en était jamais séparé. Sa fierté était la seule chose qui le maintenait en vie, qui lui permettait d’être aussi puissant qu’il était arrogant, et destituer de cette allure factice, il ne serait sans doute plus grand-chose. Il fallait savoir jouer des apparences, Caleb l’avait saisi, et il avait de sa dignité et de son honneur sa fierté, et de sa fierté sa force. Ce qui pouvait sembler complexe était en réalité très simple, primitif même. Il n’avait plus qu’à subir, payer son audace sinon son inconscience, et même dans le châtiment, il demeurait digne.

Il s’attendait sans doute à rejoindre d’une seconde à l’autre le sol dégradé de la Cabane Hurlante, et il ne l’aurait sans doute pas volé. Il demeurait impassible, digne, mais la peur était bel et bien là. Caleb craignait le Seigneur des Ténèbres comme personne et son accès d’impulsivité l’avait laissé en très mauvaise posture. Avait-il peur de mourir ? En réalité, ce n’était pas exactement le cas. Il avait peur de ce qui était pire encore que la mort, de tout ce qu’il pourrait s’en suivre, car le fait même que Lord Voldemort ne le tue pas à l’instant était justement le signe que le châtiment qui devrait tomber serait cent fois plus douloureux encore. Il ne prit même pas la peine de considérer les paroles de son maître, sans même imaginer non plus la suite des évènements. Il n’avait plus aucun mot, et ce n’était pas plus mal. Pour aujourd’hui et pour toujours, il en avait bien assez dit. Le temps des silences était bien maintenant, et il y était muré désormais.

Le Seigneur des Ténèbres souligna le point sensible, bien évidemment. Caleb ne s’était pas attendu à moins que cela, mais il se sentait plus blasé qu’offensé. Lord Voldemort savait exactement où il pouvait atteindre le mangemort, néanmoins, ce dernier avait eu un léger instant de recul quant à la mort. Son cœur n’en était que plus meurtri, plus qu’il ne l’était déjà par la perte. Il se sentait vidé, abandonné, et un moment, perdu. Il était dans le dilemme selon lequel il pouvait soit céder à ses pulsions, à sa fierté et donc à l’offense, ou se distancer de tout, à commencer par Jocelyn. La réponse ne lui vint pas immédiatement, et il se contenta d’écouter, indécis et indifférent, les propos de son maître. Il le laissa sortir, sans une réponse. Le silence serait le meilleur des respects. La déception n’était plus dans l’ordre des choses selon Caleb, et il n’avait plus aucune idée en tête que rattraper son erreur et ne jamais la réitérer.

Une fois que Lord Voldemort fut sorti, Caleb ne bougea pas, respirant profondément. Il jaugeait le fond de la pièce, plongée dans l’obscurité. Il n’avait pas exactement les mots qui pouvaient déterminer sa condition de penser. Il était imperceptiblement indécis, complètement égaré. Sans doute trop pour être objectif. Il laissa un léger soupir lui échapper, et il tenta d’aligner quelques mots, toujours en toute neutralité :

"Il sait jouer de mes sentiments. De ceux que je ne devrais pas avoir."

Sa vie s’était toujours résumée à vivre pour s’élever, et mourir dans la gloire. Pathétique échec, sur toute la ligne. Il était au service, soumis, au plus grand des mages noirs, devant sans cesse plier devant cette grandeur maléfique. Il en prenait les honneurs, et c’était toujours montré servile, il avait fini par changer de conditions, au point que Jocelyn doive en faire partie, même malgré lui.

"La question est : Suis-je en mesure de les combattre ou de les accepter ? "

Jocelyn savait très bien à quoi elle s’engageait avec une telle promesse. Elle n’avait à présent plus le droit à l’erreur. Que Lord Voldemort le confirme ou non, elle était conscience que la prochaine fois qu’elle le verrait, c’était sa dernière chance de lui donner satisfaction. Pour quelqu’un qui prétendait il y a quelques années ne rien devoir à personne, c’était assez étrange. Maintenant qu’elle était consciente de tenir à Caleb plus que ce qu’elle ne le croyait quelques temps plus tôt, elle prenait des risques pour le défendre. Pourtant, elle ne le regrettait pas. Finalement, elle avait un cœur quelque part.
Le plus étrange, la crainte ne dominait pas cette colère qu’elle éprouvait toujours à l’égard de son collègue. Mettre sa vie en danger aussi inconsciemment, il était devenu taré ces derniers temps ou il avait juste perdu la tête sur le moment ?
Mais, pour laisser enfin exprimer ce sentiment, elle avait attendu que son Maître sorte, toujours inclinée. Le seul signe qu’elle montrait de colère, c’était sans doute ses poings serrés sur sa robe de sorcier. Se laisser dominer ainsi par ce sentiment, ce n’était pas très malin. Elle ferait mieux de chercher un moyen pour rester en vie la prochaine fois qu’elle irait faire son rapport au Seigneur des Ténèbres. Sortir à sa suite et retourner à Poudlard pour préparer un plan infaillible.
Et non, elle attendait de se retrouver seule avec Caleb. Pourquoi ? Pour lui crier dessus ? A quoi ça pourrait bien l’avancer finalement ? A part lui causer davantage de problèmes, elle ne voyait pas trop où ça pourrait bien la mener. Mais c’était plus fort qu’elle, comme quelqu’un d’aussi stupide que les autres, il fallait qu’elle lui dise sa manière de penser. Il n’avait certainement pas besoin d’être sermonné.

Désormais seuls, Jocelyn en avait profité pour se redresser. La mine fâchée, elle avait ouvert la bouche pour commencer un discours peu aimable, mais Caleb l’avait devancé. Sur le coup, elle n’avait pas su quoi dire. Entre se reprendre pour pouvoir commencer son engueulade, ou chercher quelque chose à répondre à ça. Soit elle n’était pas sur la même longueur d’ondes que lui et il ne parlait pas de la chose à laquelle elle pensait, soit il en parlait ouvertement et ça restait étrange. Parce que bien qu’elle ait déjà pensé qu’il éprouvait peut être la même chose qu’elle, la jeune femme n’avait cependant rien dit à voix haute.
Fermant la bouche, elle l’avait laissé parler. Les combattre ou les accepter. Au début, elle avait préféré tout simplement les nier, et puis elle avait finit par faire à moitié avec, c'est-à-dire qu’elle les avait gardé pour elle.
Elle le reconnaissait, c’était bien plus pratique dans leur situation de ne pas avoir d’attaches. D’un autre côté, elle devait bien admettre qu’elle y trouvait des bons côtés. Avoir quelqu’un à qui on se sentait attachée, ça avait du bon comme du mauvais.
De toute manière, ce soir, elle s’était prouvée qu’elle était incapable de se la fermer et de le laisser dans les ennuis. C’était en quelque sorte trop tard.

« A toi de voir ! Je suis pas ta mère ! »

Il l’avait coupé dans son élan, mais le ton exprimait clairement une certaine colère. Et puis, c’était son grand truc de dire ce genre de choses. Maintenant que Lord Voldemort était parti, elle pouvait redevenir un peu elle-même. Un peu parce qu’elle était toujours furax et qu’elle ne comptait pas le laisser fuir si facilement dans son « questionnement intérieur ».
Ce crétin venait de prendre un risque, un très gros risque, et voilà qu’il se mettait à se poser des questions ?! Si elle n’avait pas été aussi débilement attachée, elle l’aurait tué à la place de Lord Voldemort juste pour finir la tâche de son Maître. Lui passer un savon, c’était une bonne compensation même si ça n’arrangeait pas grand-chose. Et puis, avec un peu de chance, elle rentrerait de meilleure humeur à Poudlard, le château où les rêves deviennent réalité et où la débilité fait loi… enfin Albus Dumbledore.
Ne laissant que peu de silence afin de ne pas laisser échapper son occasion de lui dire sa façon de son pensée, elle s’était placée devant lui et avait enchaîné :

« Dis moi, t’es devenu crétin à la suite d’un choc ou tu veux tester de nouvelles expériences ? Si c’est, « je me mets dans la peau d’Albus Dumbledore pour comprendre son raisonnement », c’est ingénieux d’une certaine façon. Mais la prochaine fois que tu comptes faire ce genre de trucs, fais ton testament avant, au moins j’aurais un héritage en consolation ! T’es complètement fou ! Mais qu’est-ce qui t’as pris bon sang ? »

C’était pourtant pas difficile cette règle de survie de base. Quand Lord Voldemort était là, elle n’était pas Jocelyn, elle était une marionnette qui répondait par oui ou par non sagement. Quand il n’était pas là, elle pouvait se lâcher, s’amuser, faire des câlins aux sangs de bourbe même, tout ce qu’elle voulait ! C’était ça le concept : Là… pas là… marionnette… vive la liberté.
Dans un soupir, elle avait posé une main sur son front, signe d’agacement. Ok, elle devait se calmer un peu avant d’avoir envie de lui en mettre une. Mais sur ce coup là, il avait eu le don pour la mettre hors d’elle.
Un autre mangemort… ça lui aurait été égal. Là non, elle se ridiculisait, ne cachant même pas la différence qu’il y avait entre lui et les autres.

Sa question était, bien évidemment, bien loin d’appeler une réponse. Il l’avait prononcée surtout pour lui-même, et même mieux, seulement pour lui seul. Il s’agissait d’interrogations qui avaient toujours existé, et qui avait, sans conteste, lieu d’être, néanmoins, le Seigneur des Ténèbres avait eu le bon goût de les mettre en lumière. Il n’y avait pas des centaines de raisons possibles et surtout probables pour qu’il réagisse tel qu’il l’avait fait et malheureusement, il avait eu besoin de l’erreur pour l’apprendre et le comprendre. Son propre tourment avait toujours été présent, et il était littéralement atterrant de voir qu’il ait besoin d’autrui pour lui apprendre ces choses-là, et encore plus s’il s’agissait de Lord Voldemort. Ce n’était pas vraiment humiliant mais plutôt affligeant en réalité.

Elle se plut à se placer devant lui pour « l’incendier » littéralement sans aucune autre considération superflue. Il se contenta de relever la tête et le regard pour croiser le sien. Il écouta avec patience et neutralité, comme s’il avait eu réellement besoin de quelqu’un pour lui faire sa leçon de morale. Il n’était ni irrité ni agacé qu’elle se sente en droit de lui faire pareil discours, ce qui aurait été particulièrement invraisemblable, s’il avait s’agit de quelqu’un d’autre. Caleb se faisait conciliant, et même attentif, parfaitement serein, toute ouïe pour Jocelyn. Il demeura totalement immobile, soutenant son regard, notant chaque mot qu’elle pouvait prononcer, sans pour autant y rattacher une réelle considération. Quoi qu’il ait pu entendre, il le savait déjà. Elle ne saisissait pas ou ne pouvait pas saisir la raison qui l’avait poussé à agir ainsi.

"Epargne moi tes sarcasmes. Tu ne comprends pas."

Il avait attendu la fin de son élocution pour pouvoir placer sa propre réplique, sur un ton tout à fait anodin, voir indifférent. Il avait terminé ses mots sur quelques inspirations profondes. Il se sentait mitigé, indécis et une impulsion le torturait, comme pour être certain des réponses qu’il comptait apporter à ses propres questions. Il ne cessait de la fixer, comme pour se convaincre lui-même de la sottise dans laquelle il allait davantage s’enterrer, ou à la libération qu’il pourrait atteindre. Il s’agissait plus d’audace que de stupidité, et tout autant d’inconscience que de sottise. Restait à savoir s’il aurait ses réponses, et s’il Jocelyn pourrait les accepter. Il s’agissait d’un quitte ou double, et soit il confirmait son intuition soit il s’enfermait dans son erreur.

Caleb fixa intensément Jocelyn pendant quelques secondes encore, avant de s’en détourner pour une durée sensiblement équivalente. Il cherchait la force, le courage d’aller jusqu’au bout de son instinct ou la raison qui le dissuaderait de tenter le Diable. Il ne parvint pas à se défaire de sa passion, de son envie, et il revint poser les yeux sur elle. Si elle ne pouvait comprendre, Caleb comptait bien lui passer clairement le message. Il ne prit pas en compte ce regard assassin qu’elle posait sur lui, et il réduisit la faible distance qui les séparait encore. Il réagit en quelques secondes, pour qu’elle n’ait pas le loisir de le retenir encore une fois, et finit par clairement être proche d’elle. De sa main droite, il effleura légèrement sa joue et joignit ses lèvres à celles de Jocelyn, jusqu’à lui donner un baiser passionné. Il ne prolongea pas, car il était certain désormais, il avait tout compris, rien ne pourrait être plus clair.

Il se savait vulnérable dès qu’il ressentait un quelque rattachement, et il n’avait pas cautionné le fait qu’il doive vraiment dépendre d’elle, qu’il ait besoin de se voir défendre ou tout autre chose. Pourtant, le fait était bien là, et ce besoin de se détacher d’elle n’avait été que la consolidation de son masque, sa façon qu’il avait de se protéger. Il n’y avait plus rien à nier, juste la vérité à accepter : il avait une nouvelle faiblesse, et cette faiblesse était cette femme.

Elle pouvait aussi le tuer maintenant remarque. D’accord, c’était ironique, elle n’en n’était pas réellement capable. Mais si elle avait pu le faire réellement, elle se serait épargnée tout un discours inutile et aurait réglé le problème plus vite. Après, Caleb ou pas Caleb, ce n’était pas son genre, elle était du genre intelligente et pas débile à tuer sans faire souffrir. C’est vrai, tuer sans avoir d’abord la partie marrante… où était l’utilité dans ce cas là ? La question ne se posait de toute manière même pas, puisqu’elle se retrouvait sans aucun doute devant la personne face à laquelle elle était le plus faible. Bon, il y avait bien Lord Voldemort, mais ce n’était pas à cet aspect là de la faiblesse qu’elle voulait faire référence.
Devant Caleb Parker, elle était tout juste capable de s’énerver après une frayeur, parce qu’elle avait eut peur pour lui. Et c’était encore plus énervant quand celui-ci vous était en train de vous regarder calmement sans rien dire.
Quoi ? Il n’allait même pas se fâcher parce qu’elle lui faisait la morale ? Même pas se défendre ? Remarque, après tout, c’était entièrement de sa faute. Mais alors pourquoi se sentait elle frustrée ? Ok, elle devait avoir un sérieux problème au cerveau, un genre de gêne maso qu’elle attendait l’engueulade. Au moins, ça défoulait, on ne restait pas sur sa faim comme dans une conversation à sens unique.

Pourquoi lui épargner quelque chose qu’il méritait ?
Et puis, pour ne pas comprendre, c’était clair qu’elle était complètement larguée. Comprendre pourquoi quelqu’un répondait comme ça à une personne qui n’hésiterait certainement pas à le torturer ou même à le tuer, ça dépassait le bon sens. L’instinct de survie il connaissait pas ?
Elle était tellement en colère qu’elle avait du mal à réfléchir pour comprendre où il voulait en venir ou du moins ce qu’il voulait dire.
Peut être devait elle lui refaire dans une autre langue pour qu’il puisse décrypter et voir que ce qu’elle était en train de lui dire, c’était sans doute un truc du genre : j’ai eu peur de te perdre.
D’accord, en version traduite, elle se sentait dans la moyenne des gens… c'est-à-dire complètement débile. Elle préférait cent fois la version codée et classe que la version sentimentale et ridicule.
Et parce qu’elle trouvait encore plus ridicule de ne rien dire à ça, comme s’il fallait toujours parler pour gagner ce genre de match bien que ce n’en soit pas un, elle avait ajouté sans but précis :

« Oui, il est clair que c’est moi qui vient de faire un truc débile, on comprendra facilement que j’ai effectivement du mal à comprendre certaines choses. »

Quoi ? Maintenant il allait lui faire la technique du regard. Qui consistait à ? Aucune idée. Pendant quelques secondes, elle sembla chercher des mots à ajouter pour aller au bout de sa colère. Mais sa bouche ne s’ouvrit pas. Elle restait là, à le fixer, sans comprendre effectivement. L’envie de lui en coller une était assez forte pour qu’elle se demande si ça ne valait pas mieux que des discours inutiles. Il n’avait pas vraiment la tête de celui qui réalise sa stupidité, enfin son inconscience. Il y a quelques minutes, il avait frôlé de peu, au minimum, la torture et il avait l’air si calme à se poser des questions. Oui, ça méritait bien au minimum une claque.
Et pourtant, elle n’avait pas bougé. Elle était restée là à le regarder, elle ne l’avait même pas repoussée alors qu’elle était sensée être en colère. La surprise devait jouer, l’attirance avait aussi son rôle, quoiqu’il en soit, elle ne lui colla rien dans la figure.
A vrai dire, là, tout de suite, elle se sentait juste… comment dire… conne ?
Parce qu’elle ne savait pas quoi dire. En plus, l’engueuler devenait nettement plus difficile maintenant. Elle n’était même pas sûre d’avoir l’air en colère.

« Dis, j’ai vraiment pas l’air en colère ? Enfin, au niveau du ton, je me suis trompée quelque part ? J’avais l’air genre heureuse et fière de toi un truc dans ce style ? Néanmoins, c’était agréable… assez agréable, agréable c’est un peu fort, je suis sensée être en colère là maintenant. »

Finalement, c’est la phrase qu’elle avait formulé au bout de quelques secondes. Ce n’était pas très étonnant venant d’elle, c’était son grand truc. Mais elle avait beau se la jouer classe avec ces répliques, elle n’en restait pas moins… oui, toujours conne.
C’est vrai, il y avait une certaine confusion. Ça pouvait vouloir dire plusieurs choses…. :

« Est-ce que ça veut dire : la ferme Jocelyn ! Ou est-ce que ça veut dire : Je suis un pervers aux pulsions imprévisibles ! Ou alors : Jocelyn, je t’aime bien, t’es une fille super ! »

[HRP: J'essaierais de faire mieux la prochaine fois, mes neurones étaient absents x__x. Désouléeeeee]

Un dicton populaire disait que « L’on est jamais trop con pour réitérer sa propre connerie ». Soit Caleb suivait à la règle ce précepte, soit il était vraiment trop sot pour concevoir l’audace du geste qu’il venait de commettre. Si l’on prenait en compte le fait qu’il venait de répondre avec ostension au Seigneur des Ténèbres, et ce, sans l’ombre d’un regret, il venait également d’embrasser Jocelyn sans même avoir prévenu de quelques façons. Soit il s’enfonçait encore et toujours, un peu plus à chaque seconde qui défilait, soit il avait enfin eu le déclic qu’il attendait, et qui répondait à toutes ses questions. Toutes les réponses qu’il avait laissé en suspens pouvaient être enfin arriver à leur point de chute et pour le moment, il n’était pas encore sûr. En réalité, sa faiblesse dépendait bien plus d’elle qu’il ne l’avait jamais reconnu, et sa réaction quant à ce fait n’en était que plus indispensable.

Il ne regrettait pas. D’abord parce qu’il ne regrettait jamais rien, et ensuite parce qu’il sentait ce sentiment de satisfaction parcourir la totalité de son corps, laissant émerger une douce chaleur inconnue. Il n’avait aucune idée de ce qu’il pouvait bien se passer, là, maintenant, il était devant le fait accompli, et il en ressortait tout simplement … heureux. On et il ne pouvait expliquer cette sensation, ce désir assouvi, et qui avait pourtant déjà un goût de trop peu désormais. Le désir humain était toujours aussi interminable et même s’il avait enfin répondu à ses propos questions, il voyait d’autres envies naître avec elle, et celles-ci ne dépendaient plus seulement de son audace ou de son inconscience.

Il ne pue réprimer un sourire devant la réplique assez démente dont elle le gratifia. Il était profondément amusé de la seule remarque qu’elle était capable de lui faire, et il fut même presque satisfait de l’avoir quasiment déstabiliser. Il ne s’était pas trompé en envisageant la réciproque, puisque, dans le cas contraire, elle l’aurait repoussé sans ménagement, l’aurait maudit ou même pire, et aurait enfin passé son chemin. Rien de tout cela ne s’était produit, et il avait désormais une conviction différente et inébranlable. Il patienta un long moment, durant lequel elle en rajouta face à son silence obstiné. Il garda fièrement son mutisme et l’observa toujours dans un sourire amusé, comme jaugeant les réponses qu’il serait bien capable d’émettre. Après mûre réflexion, et seulement quelques secondes, la réplique vint enfin :

"Je suis perverti, tu le sais bien. Et je t’aime bien, également. Et tout le monde sait que tu es une femme exceptionnelle …"

Il marqua un temps d’arrêt toujours rythmé par le regard presque taquin qu’il posait sur elle. Il n’avait pas franchement idée de ce à quoi il jouait, mais elle lui inspirait chacun de ses mots, si bien qu’il se pliait à leur venue, si longue soit-elle.

"Il faudrait que tu essaies d’être en colère avec un peu plus de conviction … néanmoins … c’était plus un « J’ai enfin tout compris » qui te rapportait à un « Jocelyn, je t’aime tout court »."

Il était redevenu soudainement sérieux, neutre. Il ne jouait plus sur certains termes qu’il voyait honnêtement comme importants.

Un jour, il faudrait qu’on lui explique ce qu’il venait de se passer. Pas tout de suite, parce qu’elle avait la tête ailleurs et qu’elle n’écouterait pas un traître mot de ce qu’on pourrait lui raconter.
Normalement, quand on engueulait quelqu’un de cette manière, la personne s’énervait, claquait la porte et ne vous adressait plus la parole pendant un temps déterminé par la dureté de vos paroles. Non, là c’était certain, Caleb avait du recevoir une sorte de coup sur la tête. Il était d’abord suicidaire, et ensuite il l’embrassait. Bon d’accord, ce n’était pas pour lui déplaire et puis… on ne pouvait pas qualifier ce contact de désagréable.
D’une certaine manière, elle avait du recevoir une sorte de coup sur la tête aussi pour ne pas repartir dans son sermon et rester là avec cet air con. Okay… alors des coups sur la tête de ce genre, elle voulait bien en recevoir plusieurs fois par jour si c’était comme ça.
Il était clair qu’elle n’allait pas bien du tout, penser ça alors qu’elle voulait lui faire passer un mauvais quart d’heure à la base.
Il était où le temps du défoulement pour se sentir mieux ensuite ? Il était où le temps du je devrais peut être le tuer avant que Lord Voldemort ne me devance ? Hein ? Hein ? Caleb méritait cent fois d’être maudit pour lui avoir fait perdre ses moyens à elle, Jocelyn Harvey.

Et le pire dans tout ça, c’est qu’il semblait content de lui-même. Très bien, elle pouvait peut être finalement le tuer. Plus tard. Pas tout de suite. Elle avait malheureusement d’autres projets en tête qui retardaient ce plan plus funeste.
Là ? Maintenant ? Et bien disons qu’en tant que bonne camarade, elle avait plutôt envie de lui rendre ce geste… disons amicale… que de le tuer. Et c’était encore plus agaçant ! Mais où était donc la colère on se le demande ?!
Ah ça l’amusait ? Se concentrer, repenser au coup de tout à l’heure et avoir envie de le tuer. Non… rien à faire, c’était beaucoup moins attirant que l’hypothèse en totale désaccord avec l’état dans lequel elle aurait du se trouver. Tant pis, elle ne ferait pas siège ce soir.
Et puis, pour tout admettre puisqu’on n’y était… elle devait bien avouer qu’elle était contente. Bah quoi ? Elle avait passé depuis longtemps le stade d’admettre « j’ai des sentiments pour Caleb Parker. ».
Elle avait toujours cet air assez surpris, dans la confusion la plus scandaleuse pour une personne prétendument furax à la base.

Histoire de se reprendre un peu, elle avait froncé les sourcils lorsqu’il avait répondu. Oui, une personne qui fronce les sourcils a toujours l’air ne serais-ce qu’un peu en colère. Mais, dans le fond, elle était persuadée de laisser apparaître peu à peu un léger sourire. Elle était heureuse, d’accord, et clairement différente quand elle était en compagnie de Caleb Parker. Elle ne jouait pas avec lui ou ne faisait pas son habituelle peste. Elle l’avait toujours plus apprécié que les autres et avait finit par s’attacher réellement à lui au point de ne pas pouvoir contenir sa colère quelques minutes plus tôt… secondes ? Bref, ne revenons pas sur ce chapitre honteux de son histoire.
Elle cherchait quelque chose de malin à répondre quand il marqua le deuxième coup. Pendant un long moment, elle était restée silencieuse, le fixant tout simplement. C’était clair qu’il était sérieux, et c’était clair pour elle que c’était réciproque, aussi clair qu’elle n’avait pas pu empêcher plus longtemps son sourire faire son apparition. Elle trouverait un moyen de l’engueuler une autre fois.
D’abord taquine, elle avait finalement rompu son silence :

"Tu fais le malin hein ? Très bien."

Parce qu’elle aussi savait le faire, et même si c’était moins fort que sa surprise à lui, l’avantage du premier coup dirons nous, elle l’avait attiré par le col, voulant jouer sa maligne à son tour. Très bien, elle en avait également envie, mais pour se la jouer c’était mieux de placer cette raison en deuxième. A son tour, elle l’avait donc embrassé un court instant, sans pour autant lui lâcher le col, avec un air qu’elle joua sur la sévérité. Oui, bon, c’était une punition comme une autre… peu importe.

"J’en prends note. Et admettons que ce soit réciproque, admettons, je gagne quoi ?"

» Les Mangemorts [reste 7/8]