Un Gryffondor en cavale

[pv : Julie Bellflower]

Décidément, Rusard était de plus en plus rapide. D'accord, il n'était peut-être pas très vieux, mais tout de même ! Sirius, en tant que jeune garçon adorant accomplir quelques petites entraves au règlement, parfois même sans James, devrait y repenser à deux fois avant de jeter un sort à un Serpentard sans se soucier du fait que Harpie, la chatte du concierge, soit dans les parages. Mais était-ce de sa faute si ce dernier était complètement stupide ? Etait-ce de sa faute si le grand Sirius Black s'était fait un devoir de le remettre à sa place en lui faisant pousser des furoncles sur tout le corps ? Oui, d'accord, peut-être un peu. Toujours est-il qu'à cause de cela, à cause de ce petit évènement stupide, le brillant élève qu'il était avait dû abandonné ses meilleurs amis l'espace de quelques heures... Il y avait déjà quelques minutes maintenant. Il avait couru dans tout Poudlard, faisant tomber quelques armures sur son passage pour ralentir Rusard et sa terrible chatte, alors qu'il avait bénéficié de l'aide miraculeuse de Peeves... S'il y avait une personne que le fantôme détestait plus que les élèves, c'était bien le concierge, et Sirius en avait innocemment profité pour disparaître. Le passage secret de la Sorcière Borgne étant trop loin et trop risqué pour devenir une cachette sûre, il avait opté pour le parc. Après tout, ce dernier était tellement grand qu'il faudrait des heures et des heures à Rusard pour le ratisser, et le jeune Black pourrait tranquillement retourner dans sa salle commune... Avec un peu de chance, McGonagall n'aurait pas d'échos sur cette histoire. Enfin, il ne fallait pas trop rêver non plus. Sirius pouvait échapper à sa punition pour le moment, mais étant donné qu'il avait aussi cours de Métamorphose le lendemain... Un passage devant la directrice de sa maison s'imposerait, malheureusement pour lui.

Complètement essoufflé, le jeune homme finit par se cacher derrière la cabane du demi-géant préféré de l'école : Rubeus Hagrid. Ce dernier avait du aller couper du bois, étant donné qu'il n'avait pas vraiment le profil pour pêcher dans une cabane au Canada. D'autant plus que c'était un peu impossible en ce moment, puisqu'une barrière mystérieuse empêchait tout le monde de s'aventurer au-delà de Pré-au-Lard. Pour le moment, Sirius n'était pas vraiment concerné par cette histoire. Ne pas recevoir des nouvelles de ses parents n'était pas ce qu'on pouvait appeler la pire des catastrophes pour lui. Sa mère l'avait "légèrement" reniée. Les seules personnes pour lesquelles il s'inquiétait étaient les parents de James, et aucune autre. Tous ceux qui comptaient pour lui se trouvaient à Poudlard, alors pas de quoi dramatiser. Dumbledore trouverait sûrement de les libérer de cette pseudo-prison avec ses abracadabra et ses manies bizarres. Enfin, peu importait. Pour le moment, le problème s'appelait "Rusard". Pourquoi James n'avait-il pas eu l'idée de lui donner sa cape d'invisibilité ? Ou plutôt, pourquoi n'avait-il pas eu l'idée de prendre la cape d'invisibilité de son meilleur ami ? Les choses auraient été plus simples. Sirius se serait même sûrement amusé à aller faire quelques coups bas à Servilus le crétin et à toute sa bande d'amis, à commencer aussi par ses charmantes cousines, Bellatrix et Narcissa.

Et puis... Quelque chose venant du toit tomba face à lui, accompagné ensuite par une dizaine d'autres de ces mêmes "choses". Au milieu d'une bande de Scroutts à pétard venant apparemment, fort heureusement pour lui, juste d'éclore, l'adolescent ne put retenir un cri de surprise et de dégoût. D'aspect gluant, sa robe avait d'abord été tâchée... Jusqu'à ce que l'un des scroutts se rapproche suffisamment de lui pour que l'étincelle qu'il produise foute le feu à ses vêtements. Sortant rapidement sa baguette magique, Sirius ne se fit pas prier pour prononcer rapidement une formule qui fit jaillir de l'eau de cette dernière. Voilà, et maintenant que sa robe était éteinte et qu'il ne ressemblait plus à une torche humaine, le jeune Black était trempé et dans un assez piteux états. Par vengeance, il n'hésita pas à arroser les quelques scroutts qui, apparemment, voulaient retenter l'expérience du barbecue Siriusien... Très peu pour lui, mais s'ils avaient l'intention de faire la même pour Servilus et ses copains, il accepterait sûrement l'invitation au banquet.

[Entre deux cours, Le parc]

Et c’est donc sur ce cri injuste que Julie Bellflower avait entamé sa course à travers Poudlard pour échapper au vile Rusard, soit très méchant pour des personnes comme Lucius Malefoy, c'est-à-dire pas très maligne qui ne comprenne pas les mots compliqués. Bref, passons sur ce nom fâcheux et d’ailleurs très moche, ou hideux, nous laissons ici le choix du langage que vous préférez.
A cause d’une erreur de justice, dont elle n’avait d’ailleurs même pas conscience, Julie avait donc quitté sa sœur en courrant, apercevant brièvement Jack Campbell… au moins, elle la laissait entre de bonnes mains.
N’étais-ce pas honteux ? Julie pensait être poursuivie pour une affaire de Forêt interdite ou de Scroutts à pétard qui lui en voulaient un petit peu. Mais non, Rusard la poursuivait sans raison. Et pour une fois qu’elle était innocente, elle ne pouvait même pas en profiter pour se défendre et demander de l’aide à Minerva Mc Gonagall. Et oui, pour l’instant, elle avait surtout peur qu’on appelle cette dernière. Qui n’avait pas peur de la directrice des Gryffondor ? Dans le fond, elle l’aimait bien, mais elle était vraiment terrifiante quand elle était en colère. Trop pour qu’elle puisse la préférer à Rusard dans un moment pareil où elle ignorait son innocence.
Sans se retourner, la demoiselle était entrée dans le château, bousculant un peu tout et n’importe quoi sur son passage. De temps à autre, elle adressait un rapide pardon. D’autres fois, elle n’avait pas le temps de discerner s’il s’agissait d’un objet ou d’une personne.
Lorsqu’elle avait aperçu McGonagall au loin, elle avait immédiatement bifurquer dans un couloir dans un « surtout pas ».

Quelques secondes plus tard, elle se retournait pour voir que Rusard était toujours à ses trousses. Un couloir plus tard, elle avait néanmoins marqué un temps de pause devant le chaos qui régnait dans celui-ci. Des armures se trouvaient au sol ainsi que divers objets. Etrange… tout à fait étrange. C’était même assez troublant et flippant puisqu’elle était en train de se demander si elle n’avait pas des pertes de mémoire ou un genre de dédoublement de la personnalité.

"Hum… je me souviens pas être passée par là. Etrange… vraiment étrange."

"BEEELLLFLOOOWEEERRRRR !!!"

"Nooooooooooooooooooooooooooooonnnnnnnnnnnnnn !!!"

Immédiatement, elle avait repris sa course encore plus vite si c’était possible. Elle ne voyait pas bien comment elle allait pouvoir s’en débarrasser, mais elle se retrouvait, quelques instants plus tard, à courir en direction de la cabane d’Hagrid. Dans sa fuite, elle avait complètement oublié ce qu’elle pourrait y trouver à proximité. Elle s’était contentée de contourner la cabane d’Hagrid pour se cacher derrière celle-ci, se penchant de temps à autre pour voir, soulagée, le concierge empruntait une mauvaise direction dans un retentissant « BELLFLOWER ».

"Quoi ? Il peut pas dire mon nom normalement ?"

C’est alors qu’en faisant un pas en arrière, elle avait heurté quelque chose, ou plutôt quelqu’un. Dans un cri surpris, elle s’était retournée immédiatement, baguette en main… enfin, branche bizarre en main. Dans la précipitation, elle avait complètement oublié que c’était une branche et non une baguette qu’elle avait en main.
Et c’est donc sur le séduisant Sirius Black qu’elle braqua une baguette… enfin une branche… en dessous le nez de celui-ci. Il était trempé, et il avait pas l’air franchement en bon état.
Voyons… instant de réflexion intense. Ok, première constatation, elle n’avait pas de dédoublement de personnalité et c’était probablement son ami qui avait renversé les armures. Logique.
Deuxième constatation à la vue d’un répugnant Scroutt à pétard, elle était la cause de son état.
Baissant sa branche baguette, elle avait fait une moue mignonne pour se faire pardonner d’avance avant d’expliquer celle-ci par :

"Les armures ? C’était toi. Les Scroutts ? C’était moi. Désolée pour ça."

Génial. Vraiment, magnifique. A la base, Sirius n'était pas sensé savoir qu'un petit malin avait décidé de faire une blague au garde-chasse. Blague complètement pourrie soit dit en passant. Tout le monde était au courrant sur le fait que la maison rudimentaire du demi-géant était la cachette idéale pour échapper à Rusard. Non seulement la cabane ressemblait plus à un immeuble qu'autre chose, mais Hagrid était du genre à défendre les élèves... Surtout Sirius et James en fait. Alors s'il l'avait vu et que le concierge était passé par là, il aurait sans doute trouvé le moyen de faire diversion pour que l'adolescent puisse aller se cacher ailleurs, laissant au garde-chasse l'immense plaisir de faire visiter son jardin au crétin de Rusard. Peu importait. Le jeune Black se trouvait à présent face à une dizaine de scroutts à pétard venant d'éclore, et ce n'était pas parce qu'ils étaient encore "petits" qu'ils n'étaient pas ennuyeux pour lui. La preuve avait déjà été faite. Sa robe avait pris feu à cause des étincelles qu'ils avaient causées, et suite au sort qu'il avait lancé, sa baguette s'était transformé en une petite fontaine magique pour éteindre les flammes. A présent trempé, une autre formule avait été prononcée pour qu'un souffle d'air tiède sorte de sa fidèle baguette, afin de le sécher un peu. Passant sa main libre dans ses cheveux, Sirius regarda d'un air mauvais et rancunier ces maudits scroutts à pétard, pour donner à l'un d'entre eux, le plus proche, le coup de pied qu'il méritait. Celui-ci partit donc valdinguer plus loin, attirant la compagnie de ses autres amis avec lesquels il pouvait joyeusement créer de nouvelles étincelles qui fouttraient le feu un peu partout. Quelle perspective d'avenir brillante !

Qui avait bien pu faire cette blague ? Pourquoi ? En réalité, Sirius l'aurait certainement trouvée plus amusante s'il n'en avait pas été la malheureuse victime. Soupirant, il remercia le ciel pour lui accorder un temps de repos... Et aussi pour le trou de son emploi du temps qui lui permettait d'être tranquille et d'éviter Rusard jusqu'à son prochain cours. S'il se débrouillait bien, il passerait directement devant McGonagall plutôt que d'avoir un petit entretien privé avec le concierge. C'était dur d'être toujours demandé de partout. Oui, il le savait, Rusard voulait sûrement un autographe du brillant Sirius Black, personne qu'il admirait plus que toute autre au monde. Malheureusement pour le jeune élève, avoir autant de succès pouvait être pesant. On ne se refaisait pas. Oui, il était un héros. Oui, il était drôle, admirable et admiré... Mais n'avait-il pas le droit de vivre une vie paisible, comme tout le monde ? Non ! Et surtout pas d'ailleurs. C'était la ernière chose que Sirius voulait, et au diable le fanatisme du concierge. Les yeux levés vers le toit, il eut juste le temps de se décaler rapidement pour ne pas se retrouver avec un nouveau scroutts à pétard sur la figure. Mais... Il y en avait combien, sur ce foutu toit ?

"Non mais c'est pas vrai, c'est une colonie de Scroutts que y a là-haut ou quoi ? Si j'attrape celui qui a fait ça, il préfèrera se retrouver face à... McGonagall. Ouais, elle, c'est la pire de tous."

Jetant un sort de stupéfixion à la créature, trop jeune encore pour avoir sa carapace, il s'était retourné pour se prendre de pleine face quelqu'un qu'il n'avait même pas entendu approcher. Son énervement fut à son comble l'espace d'un instant. S'apprêtant à sortir une remarque assez agressive, son air se radoucit aussitôt lorsqu'il reconnut la jolie Julie. La jolie Julie avec une branche d'arbre à la main. Et pas n'importe quelle branche apparemment, puisqu'il connaissait déjà l'usage que celle-ci aurait dans une certaine potion, destinée à un certain Malefoy. Amusé, Sirius finit même par se dire qu'il avait une très mauvaise influence sur la jeune fille, bien qu'elle n'ait pas vraiment besoin de lui la plupart du temps, il fallait le dire. Passant outre le fait que Julie le menaçait avec sa fameuse branche, l'élève prit aussitôt son air le plus ténébreux, mystérieux, classe et naturel qui lui allait... Parce que même trempé, les cheveux en pétard à la James attitude et un bout de robe crâmé, le jeune Black était la seule personne au monde ayant cette capacité de rester toujours classe, et ce dans n'importe quelle circonstance. Prenons un exemple... Quoiqu'il serait impossible d'imaginer Sirius dans une situation embarrassante. Il faut être raisonnable, même nu comme un ver au milieu de la Grande Salle à l'heure des repas, Black est le plus classe.

Haussant un sourcil lorsque Julie s'excusa pour les Scroutts à Pétard, le jeune garçon trouva tout de suite sa blague beaucoup plus drôle que ce qu'il en pensait à la base. D'accord, il aurait peut-être préféré se retrouver à sa place, à esquiver des armures de partout. Mais qu'est-ce qu'elle pouvait être drôle, sa Julie Bellflower !

"N'empêche que si j'avais pu choisir, j'aurai pris sans hésiter les armures plutôt que les scroutts... Tu sais que faire la potion qui rend plus laid que laid, c'est interdit ? Je peux t'aider si tu veux..."

Oui, Sirius Black était un gentleman et n'hésitait pas à proposer son aide aux jolies blondes en détresse qui n'aimaient pas le règlement... Surtout lorsque cette jolie blonde en détresse s'appelait Julie Bellflower. Charmeur et moqueur en même temps, il avait même haussé plusieurs fois ses sourcils rapidement, adoptant l'attitude du dragueur malin.

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